Il y aura bien une enquête sur les accusations de viols d'enfants portées contre des soldats français en Centrafrique. L'enquête française sur cette affaire va être confiée à des juges d'instruction, a annoncé jeudi dans un communiqué le procureur de la République de Paris. Pour l'heure, quatorze militaires français ont été mis en cause, dont trois identifiés, par les témoignages de six enfants, recueillis dans une note de l'ONU en 2014.
Les faits rapportés par les enfants. Les faits avaient été dénoncés dans un rapport interne de l'ONU, basé sur les témoignages d'une dizaine d'enfants. Le document, qui s'intitule Abus sexuel sur des enfants par des forces armées internationales, décrit des viols sur des jeunes garçons, âgés de 9 à 13 ans. Les faits se seraient déroulés entre décembre 2013 et mai 2014, dans un camp de déplacés, situé près de l'aéroport M'Poko et du camp de l'opération militaire française Sangaris.
Où en est l'enquête en France ? Quelques mois plus tard, en juillet 2014, Anders Kompass transmet, en sous main, le rapport d'enquête de l'ONU au commandant de la force Sangaris. Le jour même, deux procédures sont lancées, comme c'est généralement le cas dans des affaires criminelles. D'un côté, le chef d'Etat major déclenche une enquête de commandement - qui n'a pas permis de conclure à une faute collective des militaires. De l'autre, le ministre de la Défense saisit le parquet de Paris qui ouvre alors une enquête préliminaire.
La semaine dernière, lorsque les accusations ont été rendues publiques, le ministère de la Défense a déclassifié l'enquête de commandement, c'est-à-dire les investigations internes que l'armée a mené sur le dossier. Des investigations à présent transmises à la justice française qui donc ouvert jeudi une information judiciaire "contre personne non dénommée des chefs de viols sur mineurs de quinze ans par personnes abusant de l'autorité conférée par leurs fonctions et complicité de ce crime", précise le procureur François Molins dans le communiqué.
Pour l'heure, sur la quinzaine de militaires visés par l'enquête, seulement trois soldats suspectés d'avoir pris part à ces abus sexuels ont été identifiés. Mais la justice ne les a pas encore questionnés, tout comme les enfants, elle attend pour cela d'avoir un dossier solide. Dans son communiqué, le parquet explique en effet qu'il avait d'abord voulu entendre la fonctionnaire de l'ONU rédactrice du rapport, mais que la demande de levée d'immunité nécessaire à cette audition a été refusée par les Nations unies. L'employée a finalement répondu par écrit et cette réponse est arrivée le 29 avril, selon le parquet.