Les Français aiment la pierre. La preuve, selon le rapport annuel "Wealth Report 2024" de la société d'assurances Allianz, le patrimoine moyen des Français a atteint 215.000 euros en 2023 devant l'Allemagne (201.240 euros), le Royaume-Uni (200.970 euros) et l'Italie (182.710 euros). Ce chiffre marque un véritable bond en avant pour la France qui occupait la 13e place en 2022. Aujourd'hui, le pays se classe 10e parmi les nations aux habitants les plus riches de la planète.
Cette "richesse" due aux investissements immobiliers peut-elle connaitre un coup d’arrêt ou un ralentissement, peut-elle s’éroder avec le temps alors que le pays est confronté à une dette abyssale et que les particuliers comme les entreprises sont menacés d’augmentations d’impôts conséquentes ? Réponses à travers l’enquête Guy Hoquet-Yougov "ce que veulent les Français en immobilier".
L’immobilier tient le coup !
Les chiffres le prouvent cette année encore. Les transactions devraient s’établir à 800.000 au 31 décembre. Certes, c’est moins qu’il y a 3 ans au bon vieux temps des prêts immobiliers à 1% où les ventes avaient atteint l’Everest pour s’établir à 1,2 million, mais ce n’est pas si mal, si l’on en croit un certain nombre d'agents immobiliers qui ces derniers temps croisent un peu plus d’acheteurs potentiels dans leurs agences. Certains connaisseurs du secteur parient même sur 900.000 transactions l’an prochain, 100.000 de plus en un an. Selon l’étude dévoilée par Guy Hoquet, 51% des Français interrogés ont effectivement l’intention de réaliser leur rêve de devenir les heureux propriétaires d’un appartement ou d’une maison dans les 12 prochains mois.
Une bonne nouvelle, de quoi maintenir le cap, mais ce chiffre est-il en réalité l’arbre qui cache une forêt légèrement souffrante ? Au début de l’année 2024, la même étude montrait que 55% des Français souhaitaient acquérir un bien immobilier. Comment expliquer cette diminution de 4% en quelques mois ?
Tout d’abord, la baisse des taux reste insuffisante au regard de la valeur toujours élevée des prix, notamment dans certains territoires, et en particulier quand 71% des porteurs de projets envisagent d’avoir recours à un crédit immobilier pour financer leur acquisition. L’apport personnel nécessaire est désormais fréquemment porté à 20% du prix du bien : c’est une contrainte forte voire impossible à respecter, notamment pour les primo-accédants. Conséquence directe : les locataires souhaitant accéder à la propriété dans les prochains mois sont aujourd’hui 40% alors qu’ils étaient 45% en janvier dernier.
Les incertitudes économiques et politiques poussent malgré tout les Français dans les bras de l’immobilier
Pour la majorité des personnes interrogées, l’immobilier constitue un placement sécurisant à l’image de l’or, valeur refuge par temps de crise qui connait un succès fulgurant ces derniers mois. Les Français qui souhaitent devenir propriétaires expliquent qu’il s’agit de répondre au besoin de se constituer un patrimoine en premier lieu (34%).
Cette recherche de sécurité se retrouve aussi dans le 2ème motif d’achat évoqué, comme le souhait de se sentir bien chez soi : "acheter mieux", pour bénéficier de plus d’espace, de plus de lumière ou encore d’un extérieur comme un balcon, une terrasse ou un jardin.
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Enfin, l’impact de la stabilisation puis de la baisse des taux de crédit immobilier se concrétise directement dans la progression du souhait d’investissement locatif : il s'agit de la 5ème raison d’achat, en progression d’une petite place dans le classement de l’étude comparé aux chiffres du mois de janvier dernier.
L’argent, le nerf de la guerre
Les vendeurs font de la résistance. Certes certains d’entre eux, lassés par des mois de petites annonces sans réponse, d’attente sans visiteur, finissent par lâcher leur bien en baissant leur prix de 10, 15 ou 20%, mais ceux-là restent l’exception. Avec des prix en diminution moyenne de seulement 5%, le budget reste une préoccupation majeure pour 65% des acquéreurs. Un tiers craint des prix toujours trop élevés "en hausse de 3 points depuis janvier". Les difficultés de financement sont également un frein pour 16% d’entre eux.
Réduire ses ambitions pour devenir propriétaire
Les Français semblent avoir pris conscience de la nécessité de faire des concessions par rapport à leurs envies, pour voir leur projet se concrétiser. En effet, parmi les critères prioritaires, la présence d’un extérieur reste importante pour 48% d’entre eux mais affiche un recul de plus de 4 points par rapport à l’étude précédente. La superficie est également en retrait d’1 point (36% vs 37% en janvier), tout comme le nombre de chambres (35% vs 36% en janvier).
Mais s’ils sont prêts à revoir globalement leurs attentes à la baisse sur des critères matériels, deux critères en lien avec le bien-être, le bien vivre chez soi, sont en hausse. Enfin, progressent nettement : le calme (41%, +3 points vs janvier) et l’absence de vis-à-vis (24%, +2 points vs janvier).