"Très fréquentée. Drague dans les toilettes". Cette description de l’aire d’autoroute d’Epône qui borde l’A13 sur une carte intitulée "lieux de drague gay sur la route en France", n’est plus tout à fait à jour. L’aire de repos est en effet fermée depuis plusieurs mois. Et la raison d’abord invoquée est plutôt cocasse : des chenilles urticantes auraient envahi l’aire de repos. La réalité est plus terre-à-terre : la société d’autoroute SAPN a fini par avouer que ce haut lieu de rencontre gays posait problèmes pour les autres utilisateurs. Explications.
Une aire d’autoroute bien connue du milieu gay. L’aire d’Epône dans les Yvelines est fréquemment citée sur les sites de forums gays. Beaucoup évoquent un lieu ‘très chaud, surtout la nuit et à l’heure des sorties de bureaux”. Jérôme André, directeur d’HF Prévention, une association de lutte contre les IST et le Sida précise à Europe 1 : "cette aire d’autoroute, comme d’autres, était surtout fréquentée par des hommes mariés hétérosexuels qui venaient avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes. Ils étaient environ 100 à 150 personnes".
“Situations délicates”. C’est Le Parisien qui révèle mercredi la vraie raison de la fermeture de l’aire d’autoroute. Dans un courrier envoyé au député UMP Jean-Marie Tétard qui l’interrogeait sur le sujet, la société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN), qui gère le site, répond que l’aire était devenue "zone de rencontre et de prostitution". "Notre personnel et des clients se plaignent de situations délicates, parfois d’atteinte à la pudeur", avance la SAPN. Les chenilles urticantes d’abord invoquées ne sont donc vraisemblablement plus en cause.
Les associations de prévention en colère. Pour Jérôme André, cette fermeture ne règle absolument pas le problème mais le déplace : "les libertins vont dans les aires d’à côté, et notamment celle de Morainvilliers. Elle est plus grande, avec des boutiques. On n’y va pas car il y a trop de familles". Pour ce dernier, fermer l'aire d'Epône représente un vrai danger de santé publique: "les taux de contamination au VIH sont très importants dans ces lieux-là. Or, plus ces lieux sont fermés et ces personnes chassées, moins nous pouvons intervenir et éviter les contaminations". Son association réclame en vain depuis des années un rendez-vous avec la SAPN pour parler "consommation sexuelle".
Plus qu’une aire de repos. Autre problème et de taille : la fermeture de l'aire d’Epône "jusqu’à nouvel ordre" prive les automobilistes d’une aire de repos sur plusieurs dizaines de kilomètres. Entre Paris et le péage de Buchelay, près de Mantes la Ville dans les Yvelines, il n’existe plus qu’seule une aire, 50 kilomètres plus loin. Un manquement qui pourrait être contraire au cahier des charges fixé par l’Etat, dans sa concession avec l’autoroute.