La police brésilienne a trouvé des liasses de billets dans le caleçon d'un sénateur lors d’une perquisition menée dans le cadre d’une enquête sur des détournements de fonds destinés au combat contre le coronavirus, ont révélé plusieurs médias locaux jeudi. Chico Rodrigues, du parti de droite DEM, était l'un des trois "vice-leaders" du gouvernement Bolsonaro au Sénat, fonction qui consiste à favoriser le dialogue entre les parlementaires et l'exécutif. Il a été démis de cette fonction jeudi, selon le Journal officiel.
Le sénateur assure avoir fait son travail de parlementaire
Mercredi, son domicile de Boa Vista, dans l'Etat de Roraima (Nord), qu'il représente au Sénat, a été perquisitionné. La Police fédérale y a trouvé 30.000 réais en espèces (environ 4.500 euros), dont une partie dans ses sous-vêtements, y compris "entre ses fesses", ont rapporté plusieurs médias, citant des sources proches de l'enquête. Sollicitée par l'AFP, la Police fédérale a simplement confirmé que la perquisition faisait partie d'une opération visant "à démanteler un réseau criminel soupçonné de détournement de fonds publics" destinés à lutter contre le Covid-19 à Roraima.
Le sénateur a admis dans un communiqué que la perquisition était légitime dans la mesure où il était "cité dans l'enquête", mais a assuré qu'il avait juste "fait son travail de parlementaire", en "apportant des fonds" fédéraux dans son Etat pour combattre la pandémie. Clamant son innocence, il a souligné avoir "confiance en la justice".
Jair Bolsonaro embarrassé par les affaires de corruption
Jeudi, le président Jair Bolsonaro est monté au créneau, visiblement agacé de voir l'image de son gouvernement ternie par une nouvelle affaire. "Une partie de la presse dit que, comme je l'ai nommé vice-leader du gouvernement, je ne combats pas la corruption", a-t-il déclaré à des partisans devant sa résidence officielle du Palais de l'Alvorada, à Brasilia. "Mais cette opération policière est justement un exemple qui montre qu'il n'y a pas de corruption au sein de mon gouvernement, on combat la corruption, quelle que soit la personne soupçonnée", a-t-il poursuivi.
Élu il y a deux ans en promettant la tolérance zéro face à la corruption, le dirigeant d'extrême droite a été éclaboussé par des scandales touchant ses proches, notamment son fils aîné Flavio, également sénateur. Ce dernier est accusé d'avoir employé des salariés fantômes pour détourner des fonds publics quand il était député régional de l'Etat de Rio de Janeiro, de 2003 à 2018. Le chef de l'Etat lui-même fait l'objet d'une enquête pour ingérence présumée dans des investigations de la Police Fédérale visant ses proches.