Faut-il aimer la moutarde pour être heureux au Vatican ? La question n'a pas énormément de sens, mais elle a au moins le mérite de poser la pertinence de deux expressions papales que nous utilisons parfois dans le langage courant : "Heureux comme un pape" et "se croire le premier moutardier du pape". Dans l'émission Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, Stéphane Bern s'attarde sur les racines de ces deux expressions d'origine, sans surprise, religieuse.
"Aujourd’hui, je voulais rendre hommage à Jean-Paul Ier, celui qu’on surnommait 'il papa del sorriso' : pas le pape du chorizo, mais celui 'du sourire'. Malheureusement pour Jean-Paul Ier, le rictus fut pour lui de courte durée, puisqu’il est mort 33 jours et 6 heures après été intronisé chef de l’Église catholique.
En parlant de pape et de sourire, me vient une question : pourquoi dit-on 'heureux comme un pape' ? La raison est simplissime : il est évident que pour un ecclésiaste, devenir pape et être élu par les cardinaux représente un sommet pour qui entre dans les ordres. Pape, c’est la fonction la plus élevée dans la croyance catholique et il n’est pas possible d’être plus près de Dieu. Si on est pape, on ne peut donc pas être plus heureux.
La prétention du "premier moutardier"
Il y a une autre expression papale moins connue mais plus étonnante : 'Se croire le premier moutardier du pape.' Cela signifie 'être prétentieux'. Elle vient de Jean 22 qui devint pape en 1316 et qui avait un péché véniel : celui d’aimer la moutarde. Il aimait tellement la moutarde que, dans l’organigramme, il créa un nouveau titre : celui de premier moutardier.
Jean 22 donna ce rôle à son neveu qui aurait pris très à cœur sa nouvelle mission, avec un ridicule resté dans toutes les mémoires au regard de l’importance toute relative de la fonction. Pour Emile Littré, l’homme du Littré, ce titre n’a jamais existé dans l’histoire du Vatican. La véracité de l’histoire est même sujette à caution, mais qu’importe : la légende était tellement belle qu’elle l’a presque rendu réelle."