En dansant sur sa prothèse de jambe façon pic à glace dans des mises en scène futuristes, Viktoria Modesta, performeuse britannique amputée d'une jambe, a lancé lundi soir son "show bionique" au cabaret parisien Crazy Horse, temple du nu chic.
Une prothèse comme accessoire de danse
Le tableau "Prototype" inspiré de son clip éponyme où elle brise la glace avec sa prothèse visionné plus de 12 millions de fois sur YouTube est le temps fort de ce spectacle qui sera à l'affiche du Crazy jusqu'au 16 juin. Entourée de danseuses du Crazy très légèrement vêtues, Viktoria Modesta, tantôt en body, tantôt en mini-robe, arbore pour chaque tableau une nouvelle prothèse : noire, couverte de cristaux ou blanche à rayures noires en pointe effilée. Chaque prothèse est conçue comme une oeuvre d'art pour "raconter toute une histoire". Dans un décor futuriste gris et noir ou un jeu de miroirs, l'artiste se démarque par son regard suggestif et son allure triomphante.
Une prestation devant un parterre de personnalités
Pamela Anderson, qui s'était produite comme "guest star" au Crazy Horse en 2008, et la créatrice de lingerie Chantal Thomass qui avait habillé les danseuses du Crazy étaient présentes à la première. L'acteur franco-espagnol José Garcia et les créateurs de mode français Alexis Mabille et Jean-Claude Jitrois étaient également de la partie. L'ex-président François Hollande et sa compagne, l'actrice Julie Gayet, avaient assisté en avant-première dimanche.
Dans une interview à l'AFP avant la première, l'artiste de 31 ans a souligné que cette expérience au Crazy Horse lui permettait pour la première fois d'explorer la sexualité et trouver "un bel équilibre entre la force et la vulnérabilité".
Une amputation pour reprendre le contrôle de son corps
Née avec une malformation en Lettonie, alors république soviétique, avant d'émigrer en Grande-Bretagne, Viktoria Modesta a fait le choix à 20 ans de l'amputation d'une jambe dans un geste libérateur, pour reprendre le contrôle de son corps. "Le corps est la seule chose qui nous appartient. Je voulais me le réapproprier, c'était une question de survie", a expliqué la jeune femme qui dit s'être inspirée des performances avant-gardistes du créateur de mode britannique Alexander McQueen et de l'artiste américain Matthew Barney.
Mettre en scène "une autre vision de la femme"
Pour le Crazy Horse qui a déjà accueilli par le passé des artistes aux profils atypiques comme Dita Von Teese ou Conchita Wurst, la collaboration avec Viktoria Modesta permet de mettre en scène "une autre vision de la femme, de la sensualité et de la beauté au 21ème siècle".