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Quatre mois après les Jeux paralympiques, quels dispositifs pour booster l’inclusivité dans le sport ?

Maud Baheng Daizey / Crédits photo : JULIEN DE ROSA / AFP . 4 min
© JULIEN DE ROSA / AFP

Avec les Jeux olympiques, la pratique du sport a connu un rebond dans les clubs français. S'agissant du handisport et du sport adapté, les dispositifs d'accompagnement se poursuivent et souhaitent associer davantage d'associations sportives. État des lieux de la situation en cette journée mondiale des personnes en situation de handicap.

La France compte 12 millions de personnes en situation de handicap, soit 18% de la population française. Seulement 5 % sont inscrits dans un club, contre 27% de l'ensemble de la population dite "valide". Un écart révélateur des inégalités de traitement et d’accessibilité à la pratique sportive entre les deux. Pire encore, uniquement 1,4% des clubs ont la capacité de les accueillir. En cause, une mauvaise adaptabilité des clubs et une méconnaissance parfois pointée du doigt. Avec les Paralympiques, a-t-on trouvé les moyens de combler ces écarts ? État des lieux de la situation en ce mardi 3 décembre, journée mondiale des personnes en situation de handicap.

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Handisport/sport adapté, un "amalgame" encore trop présent en France 

Boccia, tennis de table, natation, tir à l’arc… Les Français ont eu le plaisir de découvrir ces nombreuses catégories sportives durant les Jeux Paralympiques, mais également les handicaps divers et variés des athlètes . Les noms d’Aurélie Aubert, Anne Barnéoud ou encore Rémy Boullé ont résonné dans les gradins de Paris 2024. Pour autant, la distinction entre les handicaps reste floue pour les Français. Et ce tant dans la vie que dans le sport, comme l’explique le président de la Fédération Française de Sport Adapté (FFSA) Marc Truffaut. 

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En effet, le sport adapté est pratiqué par les personnes en situation de handicap "mental, psychique et d’autisme." L’handisport , quant à lui, est destiné aux personnes avec un handicap physique. Deux fédérations sont dédiées à ces catégories : la FFSA, créée en 1971, et la Fédération Française de Handisport (FFH). "Malgré les Paralympiques, on nous demande encore la différence entre les deux", déplore-t-il. Le sport adapté a été "très peu représenté aux Paralympiques" : seuls l’athlétisme, la natation et le tennis de table ont compté des para-athlètes ayant un handicap mental, psychique ou atteints d’une forme d’autisme.

Néanmoins, ces catégories restent très importantes aux Jeux. Mais "pas de quoi estomper la confusion entre les différents handicaps. Il y a très clairement un amalgame entre sport adapté et handisport", déclare-t-il. Cependant, Marc Truffaut assure "voir une ouverture des clubs dits ordinaires depuis les Jeux. Ils ont envie de s’ouvrir et le regain n’est pas tant sur les licenciés, mais sur les clubs qui veulent ouvrir une section sport adapté." 

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Initiée par la Ville de Paris (plan "Transformation Olympique"), Paris 2024 (Impact et Héritage) et le Comité Paralympique et Sportif Français, la formation para-accueillante est née en 2020. Tous trois convaincus de l’utilité et de l’impact de ce projet pour le développement des para-sports, le programme s’étend à l’ensemble du territoire français, sous l’appellation Club Inclusif , et à de nombreux acteurs comme la FFSA.

Il s’agit d’un programme dédié aux dirigeants et encadrants des clubs souhaitant "ouvrir leurs portes aux personnes en situation de handicap et être accompagnés dans cette démarche. "Objectif, accompagner 3.000 clubs à cette sensibilisation "d'ici à la saison sportive 2024-2025." Depuis, 1.500 ont été inclus au programme. Et pour ses fondateurs, ce dernier "constitue un héritage des Jeux Paralympiques de Paris 2024". 

"Faire du sport avec nos pairs" 

Un dispositif pour lequel Marc Truffaut n’est pas peu fier. "Depuis plusieurs années, la FFSA développe une politique afin de faciliter l'adhésion de clubs inclusifs. Le dispositif représente une belle opportunité qui permettra de faire découvrir le sport adapté et ainsi d’offrir de nouvelles pratiques aux personnes en situation de handicap mentale, psychique ou avec un trouble du spectre de l’autisme."

Il tient également à souligner que le Club Inclusif n’est pas une formation. "Nous sensibilisons les dirigeants et encadrants du club, en informant des cadres leur permettant de les former à des diplômes d’encadrement pour ces personnes. Avec les deux fédérations, la FFSA et la FFH, nous leur indiquons à qui s’adresser pour être accompagné." Pour lui, l’objectif du Club Inclusif est de "répondre à un souci de proximité (trouver un club adapté près de chez soi) et de dédiaboliser l’accueil d’une personne en SH dans un club dit ordinaire." 

Cependant, s’il y a une différence d’accessibilité et d’adaptabilité entre le sport dit "ordinaire" et le sport adapté/handisport, des contrastes perdurent également entre sport adapté et handisport. Il est plus aisé de sensibiliser sur l’handisport : cela nécessite du matériel pour les handicaps physiques (l’adaptation par une rampe, l’aide financière pour l’achat d’un fauteuil…), alors que l’accueil de personnes en déficience intellectuelle ou mentale requiert plus d’efforts. 

Car il faut identifier les "besoins de la personne, adapter son comportement ainsi que le sport à la personne", explique Marc Truffaut. "Il y a plus de réticence de la part de la société, c'est pourquoi la sensibilisation aide à dédramatiser." Enfin, certains pratiquants du sport adapté veulent également rester avec leurs pairs, particulièrement à l’âge adulte. "Un de mes licenciés de 20 ans ne voulait plus être dans un club ordinaire : malgré la bienveillance du club, il n’arrivait pas à communiquer avec les jeunes de son âge. Ils n’avaient pas de sujet de discussion entre eux. C’est un peu cliché, mais les autres parlaient de voitures, de sorties, de filles… À côté, notre petit Daniel parlait des Pokémon et Yu-Gi-Oh." 

Pourtant, dans la pratique sportive, Marc Truffaut le juge "meilleur que les autres." Mais la sociabilisation dans le sport est également extrêmement importante, notamment durant les pauses. Un dispositif "assez complet" pour le président de la FFSA, qui le qualifie de "première étape positive d’un encadrement complexe, dont le plus dur reste la sensibilisation." Si le projet est encore "trop jeune" pour analyser son impact, le Club Inclusif a permis l’affiliation de plus de 200 clubs ayant ouvert une section sport adapté depuis le début d’année.

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