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20% pour l'UE, 46% pour le Vietnam... Comment Donald Trump a-t-il calculé les droits de douane américains ?

Yanis Darras et Romain Rouillard - Mis à jour le . 3 min
Donald Trump présentant les nouveaux tarifs douaniers applicables dès samedi.
Donald Trump présentant les nouveaux tarifs douaniers applicables dès samedi. AFP / © Andrew Leyden / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Le président américain Donald Trump a présenté ce mercredi les nouveaux tarifs douaniers américains applicables à ses partenaires commerciaux. Les taux sont élevés et varient assez significativement d'un pays à l'autre. Europe 1 s'est penchée sur le mode de calcul utilisé par le président américain.

20% de taxes douanières pour les produits européens, 34% pour les produits chinois, 46% pour les produits vietnamiens... Donald Trump a présenté ce mercredi ses nouveaux droits de douane pour les produits importés aux États-Unis. Dès samedi, une centaine de pays et autres territoires d'outre-mer de certains pays (comme la France par exemple), seront concernés par une nouvelle taxe douanière d'au moins 10%, avant l'application spécifique de surtaxes qui seront appliquées dès le 9 avril 2025. 

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Mais alors, comment le président américain a-t-il procédé pour parvenir à ces chiffres si différents ? Europe 1 fait le point. 

Un calcul assez simple, voire simpliste

L'objectif avec ces nouveaux tarifs douaniers est clair pour Donald Trump : rééquilibrer la balance commerciale et "reconstruire l'économie américaine". Mais la formule mathématique pour y arriver est plus floue. Si l'administration affirme avoir calculé ces nouveaux tarifs en se basant sur le déficit commercial avec les États-Unis, ainsi qu'en s'appuyant sur le poids des normes en vigueur chez les partenaires commerciaux, plusieurs journalistes estiment que la formule est en réalité plus simplement calculée.

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Selon le journaliste économiste James Surowiecki, écrivant régulièrement dans les pages économie du journal The New Yorker, le calcul est en réalité très simpliste : l'administration prend le montant du déficit américain avec chaque partenaire commercial, puis le divise par la valeur totale des importations en provenance de ce dernier. Ainsi, par exemple, le Sri Lanka se retrouve à "taxer" les produits américains à hauteur de 88% selon Washington. Conséquence immédiate : le tarif douanier pour les produits venant de ce petit pays de 22 millions d'habitants, voisin de l'Inde, grimpera à 44%. Selon des proches de Donald Trump, le président américain a décidé de ne pas appliquer une réciprocité à 100%. "Il veut être gentil avec tout le monde", a confié un membre de son équipe à nos confrères du New York Post

Et les exemples se multiplient, notamment dans les pays d'Asie, grands producteurs de textiles et de produits high-tech. Ainsi, le Vietnam, qui représente près de 10% des exportations de chaussures dans le monde, se voit imposer un nouveau taux de 46%. Même chose pour le Bangladesh ; grand exportateur de vêtements, qui se voit affubler d'une surtaxe de 37%.

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Le média économique Bloomberg confirme également ce mode de calcul qui, aux yeux de plusieurs économistes, paraît assez simpliste. "Normalement, les droits de douane sont calculés par filières et par chaînes de valeurs. Par exemple pour une voiture, on va regarder les composants, d'où ils viennent, ce qu'ils contiennent, combien de fois ils vont passer la frontière et en fonction de tout ça, l'OMS avait mis en place un calcul de droits de douane assez poussé pour qu'ils aient le moins d'impact possible sur les échanges internationaux. On avait donc un raisonnement par filière et par type de composants et non pas par pays", note l'économiste Anne-Sophie Alsif. 

Le risque d'une guerre commerciale

Or c'est bien par pays que Donald Trump a imposé ses nouveaux droits de douane. "Il a considéré que si, par exemple, le Canada exportait une voiture aux États-Unis, il appliquerait 25% de droits de douane au Canada. Sauf que, dans les faits, la voiture possède plein de composants qui viennent du monde entier. Pareil pour un jean qui, avant d'arriver aux États-Unis, va passer par 40 pays. Difficile de savoir de quel pays il vient réellement". Avec ce mode de calcul, Donald Trump a donc mélangé l'ensemble des importations américaines et placé l'ensemble des secteurs d'activité dans le même panier. 

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D'autant que certains chiffres ont de quoi interroger, notamment ces 46% de droits de douane infligés au Vietnam. "C'est un pays très spécialisé dans l'industrie textile à faible valeur ajoutée. Pour qu'il y ait le moins d'entraves au commerce, l'OMC avait dit que, dans ce cas de figure, il fallait des droits de douane très faibles de l'ordre de 5%". Or la Corée du Sud, bien plus spécialisée dans des produits à forte valeur ajoutée, n'est taxée qu'à hauteur de 25%. 

Ces nouveaux tarifs, calculés de façon douteuse, pourraient bien précipiter le monde dans une guerre commerciale. L'Union européenne, par le biais d'Ursula von der Leyen, a annoncé préparer un "paquet de contre-mesures", tout en appelant à laisser ouverte la porte des négociations. De son côté, le Brésil a déjà voté une "loi de réciprocité" tandis que la Chine envisage, elle aussi, des contre-mesures.