Inquiètes de la "montée des nationalismes et du conservatisme" et de "retours en arrière" en matière d'accès à l'IVG, 343 femmes de 28 pays d'Europe ont publié vendredi un "manifeste" pour le "droit à un avortement sûr et légal dans toute l'Union Européenne".
Des militantes et des universitaires. Les signataires, parmi lesquelles des militantes féministes, des universitaires, de "simples citoyennes" et de nombreuses élues (surtout de gauche et écologistes), entendent par ce texte rendre hommage au célèbre manifeste par lequel 343 Françaises avaient revendiqué, en 1971, avoir eu recours à un avortement alors criminalisé. Intitulé Mon corps, mes droits, leur texte a été publié vendredi par l'hebdomadaire L'Obs, comme celui d'il y a 47 ans.
Parmi les signataires françaises, on relève les noms des féministes Caroline De Haas et Fatima Benomar, de la co-présidente du Planning familial Véronique Séhier, ou encore de l'ex-ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol.
Un "droit essentiel" menacé. "Le droit à un avortement sûr et légal a été obtenu de haute lutte dans de nombreux pays européens, mais dans d'autres, certaines femmes n'ont toujours pas le choix de leur propre corps", regrettent les signataires. "A travers cet appel, nous refusons de baisser les bras face aux politiques régressives du continent", affirment encore les 343 signataires, soulignant le "danger" qui pèse, selon elles, sur un droit "essentiel", qui n'est "ni un caprice ni une option, mais une nécessité".
Des lois restrictives dans plusieurs pays européens. Si l'avortement est légal dans la plupart des pays d'Europe, on compte quelques exceptions notables. Ainsi en Irlande, l'IVG est seulement en passe d'être libéralisé, à la suite d'un référendum en mai dernier. Dans la province britannique d'Irlande du Nord, l'avortement reste illégal, même en cas de viol, inceste ou malformation grave du fœtus. Il est autorisé uniquement si la grossesse menace la vie de la mère. Les contrevenantes risquent une peine d'emprisonnement à vie.
Autre pays de l'UE disposant de lois très restrictives, la Pologne qui ne permet l'avortement qu'en cas de viol, inceste, danger pour la vie de la mère ou malformation irréversible du fœtus. Début 2018, une tentative des ultraconservateurs de limiter encore l'accès à l'IVG a entraîné d'importantes manifestations à travers le pays. La petite principauté d'Andorre (85.500 habitants) est l'un des derniers États d'Europe - avec Malte, Saint-Marin et le Vatican - à interdire totalement l'avortement, même en cas de viol, inceste, maladie du foetus ou danger pour la mère.