Légalisation de l'avortement, non aux féminicides, ont revendiqué vendredi à Buenos Aires des dizaines de milliers d'Argentines, après le rejet en 2018 du droit à l'IVG et dans un contexte de violence machiste incessante.
"Les droits, il faut les arracher, alors on lutte." "Nous en avons marre de voir comment des femmes sont assassinées en toute impunité et que les sénateurs nous nient le droit à l'avortement", s'insurge Agustina Miranda, une étudiante en médecine de 20 ans. "Les droits, il faut les arracher, alors on lutte", ajoute la jeune femme, venue avec sa meilleure amie de San Fernando, à 40 km de Buenos Aires. Elle porte autour du cou un foulard vert, symbole du mouvement féministe.
Le débat sur l'avortement a resurgi la semaine dernière quand la justice de la province ultra-conservatrice de Tucuman a refusé une interruption de grossesse à une fillette de 11 ans violée par le compagnon de sa grand-mère. "Dans un pays juste, les filles ne sont pas mères", avaient dénoncé des associations de défense des droits des femmes.
"Ce mouvement a une énergie incroyable qui vient des plus jeunes." Entre le parlement, où le projet de loi de légalisation de l'avortement a été rejeté en 2018 sous la pression de l'Église, et la Place de mai, un grand nombre de manifestantes avaient moins de 20 ans. "C'est impressionnant, elles m'ont motivée pour venir manifester, ce mouvement a une énergie incroyable qui vient des plus jeunes, elles font changer ce pays. Tôt ou tard, l'avortement sera légalisé", assure Alejandra Reynes, une psychologue de 48 ans qui s'est jointe au cortège en sortant du travail.
L'émoi causé par les meurtres de femmes est omniprésent. Depuis le début de l'année, plus de 50 femmes ont été tuées en Argentine par un ex-compagnon, un mari violent ou un inconnu. Comme dans d'autres pays d'Amérique latine, le féminicide a été inclus dans le code pénal argentin.