A Tunis, Hollande appelle à l'unité "contre le terrorisme"

© EMMANUEL DUNAND / POOL / AFP
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Noémi Marois et Gwendoline Debono avec AFP , modifié à
Après l'attentat sanglant du musée du Bardo, une marche "contre le terrorisme" s'est déroulée à Tunis dimanche. François Hollande et d'autres dignitaires étrangers y ont participé.

Un défilé pour exprimer l'indignation. Les Tunisiens ont participé dimanche à une grande marche contre le terrorisme dans les rues de Tunis, pour protester contre l'attentat meurtrier contre le musée du Bardo, le 18 mars dernier. Cette attaque meurtrière, revendiqué par l'organisation Etat islamique, a fait 22 morts, dont quatre Français. Juste avant la marche, les autorités tunisiennes ont annoncé la mort du chef du principal groupe djihadiste du pays. 

"La France devait être là". Dans le cortège, à Tunis, figuraient plusieurs invités de marque, dont le président français François Hollande, qui a appelé la communauté internationale à unir ses forces dans la "lutte contre le terrorisme". "Le terrorisme a voulu frapper un pays, la Tunisie, qui avait engagé le Printemps arabe et qui a eu un parcours exemplaire en matière de démocratie, de pluralisme et de défense des droits des femmes", a également souligné François Hollande. Pour le président, "la France, amie de la Tunisie devait être là aujourd'hui". Même si "des élections ont lieu" et que "les Français votent (...) rien ne devait empêcher ma présence ici à Tunis, au côté du peuple tunisien", a-t-il insisté. 

Outre le chef de l'Etat français, les présidents polonais et palestinien Bronislaw Komorowski et Mahmoud Abbas ont aussi pris part à la marche, tout comme les Premiers ministres italien et algérien Matteo Renzi et Abdelmalek Sellal et les ministres espagnol et néerlandais des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo et Bert Koenders.

Le lapsus du président tunisien. Béji Caïd Essebsi, le président tunisien, qui a inauguré avec les autres dignitaires une stèle portant les noms des victimes, a adressé "un grand salut au peuple tunisien qui a prouvé qu'il ne céderait pas au terrorisme", avant d'ajouter : "merci à tous et je dis au peuple tunisien : 'En avant ! Tu n'es pas seul !". Au moment de remercier François Hollande pour sa venue, le président tunisien, 88 ans, a toutefois commis un petit impair en citant... "François Mitterrand".

Un "défi" à la démocratie tunisienne. L'unité face à la terreur, voilà le mot d'ordre des Tunisiens présents à la marche, comme Saïda : "on doit être tous ensemble pour combattre le terrorisme et on fait tout pour que vous, les Français, mais aussi les Américains et puis, tout le monde viennent en Tunisie". "On a un joli pays et pour que la révolution ait un sens, on doit faire cette marche". Elle estime que sans cela, les terroristes "atteindront leur but" et la démocratie "n'aura pas de sens". 

La révolution qui a secoué la Tunisie en 2011 et qui a chassé Ben Ali du pouvoir est en tout cas dans tous les esprits. L'attentat du Bardo est en effet vu par des manifestants comme le plus grand défi lancé à la jeune démocratie tunisienne. L'organisation de la marche a tout de même donné lieu à quelques couacs : Ennahda, le parti islamiste, deuxième force politique du pays, a appelé ses partisans à y participer. Mais le Front populaire, coalition de gauche et principale formation d'opposition, a annoncé qu'il n'y participait pas, accusant d'"hypocrisie" certains participants dans une allusion à peine voilée à Ennahda.

Un chef djihadiste tué. Peu avant le début de la marche, le Premier ministre, Habib Essid, a annoncé la mort de l'Algérien Lokmane Abou Sakhr, considéré comme le chef  de la la Phalange Okba Ibn Nafaa, principal groupe armé djihadiste tunisien, accusé par Tunis d'avoir "dirigé" l'attaque du Bardo. Les "plus importants éléments" de ce groupe ont aussi été tués, selon le Premier ministre, qui a salué un "succès admirable". C'est dans la région de Gafsa, dans le centre-ouest du pays, que ces neuf djihadistes "parmi les plus dangereux terroristes de Tunisie" ont été abattus. 

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