L'audition de la Première dame ivoirienne par les magistrats français Patrick Ramaël et Nicolas Blot a commencé jeudi en fin de journée. Mme Gbagbo, qui a toujours démenti toute implication dans l’affaire de la disparition du journaliste Guy-André Kieffer, s'était élevée contre des "calomnies" diffusées par ses "ennemis" dans son livre "Paroles d'honneur" (2007).
Son témoignage avait été précédé par celui de Paul-Antoine Bohoun Bouabré, le ministre d'Etat ivoirien chargé du Plan. Souvent visé par Guy-André Kieffer dans ses articles, il a été entendu "pendant quatre heures", a précisé Georges Kiejman, un des deux avocats français du ministre et de la Première dame. Au cours de l'audition, "les juges ont cherché un motif que le ministre aurait eu de vouloir éliminer Kieffer", mais M. Bohoun Bouabré "a souligné qu'il était complètement étranger à cette affaire", a affirmé Me Kiejman.
Arrivés dimanche soir dans le pays, les juges Ramaël et Blot ont procédé à une série d'auditions, dont certaines conditionnaient celles de ces deux personnalités. Ils ont ainsi entendu mercredi Seka Yapo Anselme, chargé de la sécurité de la Première dame. Patrice Baï, à l'époque chef de la sécurité de la présidence, a de son côté été auditionné mardi. Il a été mis en cause notamment par le beau-frère de Simone Gbagbo, Michel Legré, qui est depuis revenu sur ses déclarations.
Lors de sa disparition le 16 avril 2004, le journaliste indépendant enquêtait sur des malversations, notamment dans la filière cacao, principale richesse du pays. Guy-André Kieffer a été vu vivant pour la dernière fois un après-midi sur un parking de supermarché de la capitale économique ivoirienne, alors qu'il avait rendez-vous avec Michel Legré. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Les enquêteurs français ne soupçonnent pas le couple présidentiel ivoirien d'être lié directement à la disparition de "GAK", mais certains cadres du régime liés aux milieux économiques.