Près de 15 ans après le meurtre en Irlande de Sophie Toscan du Plantier, cinq policiers français vont se rendre cette semaine en Irlande pour relancer l'enquête, une première dans cette affaire.
20 décembre 1996 - Sophie Toscan du Plantier, l’épouse du producteur de cinéma français Daniel Toscan du Plantier (décédé en 2003), s'installe dans sa maison de campagne à Skull, un village de la côte sud-ouest de l'Irlande. La productrice d’émissions de télévision, alors âgée de 39 ans, prépare deux projets pour la chaîne Arte.
23 décembre 1996 - La victime est retrouvée assassinée à deux pas de son domicile.Les enquêteurs établissent que Sophie a été sauvagement frappée à la tête avec une pierre et un parpaing. Certains de ses doigts ont été coupés. Aucune trace d’effraction n’est relevée dans la maison. La police penche dans un premier temps pour un crime passionnel.
Le journaliste Ian Bailey mis en cause
10 février 1997 - La police irlandaise fait vite de Ian Bailey son suspect numéro un. Le journaliste anglais habite une ferme à quelques kilomètres à vol d'oiseau de la résidence de Sophie Toscan du Plantier. Toutefois, c’est un autre élément qui éveille les soupçons des enquêteurs. Car Ian Bailey figure parmi les premières personnes présentes sur la scène de crime. Fait surprenant, il décrit dans ses articles des éléments précis que seuls les enquêteurs et le meurtrier étaient susceptibles de connaître. Ian Bailey est remis en liberté, aucune charge ne pesant contre lui.
Février 1997 - Un témoin clé, Marie Farrel, raconte avoir vu Ian Bailey la nuit du meurtre rôder près du domicile de Sophie Toscan du Plantier. Néanmoins, en 2000, Marie Farrel se rétracte, affirmant que la police lui a soufflé ses déclarations.
2001 - Ian Bailey est de nouveau interpellé, et remis en liberté sans faire l'objet de poursuites.
Décembre 2004 - Les parents de Sophie Toscan du Plantier publient une lettre dans l'Irish Times, accusant Ian Bailey de "lâcheté et de perversité".
Novembre 2007 - Les proches de Sophie forment un collectif, "l’association pour la vérité sur l'assassinat de Sophie Toscan du Plantier. Le bureau, digne du conseil d’administration d’université, étudie tous les mois sur le dossier de Sophie Toscan du Plantier.
2008 - Le dossier complet de l'affaire est transmis à la justice française.
19 février 2010 - Suite à la pression exercée par la famille Toscan du Plantier, Paris lance un mandat d'arrêt européen le 19 février 2010 contre Ian Bailey.
23 avril 2010 - Ian Bailey est arrêté en Irlande, mais remis en liberté sous contrôle judiciaire. Les parents de Sophie Toscan du Plantier confient au Journal du dimancheleur quête désespérée de la vérité, et surtout leur hâte que justice se fasse. "Nous n’avions rendu visite qu’une seule fois à Sophie dans son repère irlandais", raconte sa mère, qui part chaque année en "pèlerinage" à Skull. "Mais, depuis, nous avons noué des liens. Les commerçants nous connaissent. Ils nous manifestent leur soutien", note-t-elle aussi.
Quatorze ans d'attente
Début mars 2011 - Ian Bailey se dit toujours victime d’une cabale policière et dit avoir déjà vécu "14 ans de cauchemar", rapporte le Telegraph. Il poursuit dorénavant des études de droit à Cork (sud-ouest de l'Irlande).
18 mars 2011 - La cour de justice de Dublin autorise le transfèrement vers la France de Ian Bailey. Ses avocats pourraient faire appel. Un pourvoi est par ailleurs possible devant la Cour suprême irlandaise, puis devant la Cour européenne de justice. Et, si la Haute Cour se prononçait contre le transfèrement, l'Etat irlandais pourrait également faire appel.
3 octobre 2011 - Cinq policiers français s’envolent pour l’Irlande, une première dans cette affaire. Parmi eux, deux techniciens du laboratoire de police scientifique de Paris qui vont à Dublin pour faire des prélèvements sur les pièces à conviction du dossier. Et trois enquêteurs de la police judiciaire vont passer dix jours dans la région de Cork, en Irlande, pour interroger une trentaine de témoins.
1er mars 2012 - La Cour suprême irlandaise refuse l'extradition de Ian Bailey, pour des questions de procédure. "C'est un choc pour la famille", réagi l'avocat des parents de la victime. Ian Bailey, lui, se dit "soulagé que cela soit terminé".