Avant de jeter l’éponge vendredi face à la fermeté de l’Agence antidopage américaine, Lance Armstrong s’est défendu en arguant notamment n’avoir jamais été contrôlé positif au cours de sa carrière. Certes, cela est (presque*) vrai, mais pour l’Agence française de lutte contre le dopage, cela est dû à plusieurs complicités dont aurait bénéficié l’Américain.
"Il était prévenu avant tous les contrôles"
"Les préleveurs ont éprouvé des difficultés à effectuer des contrôles inopinés sans que Lance Armstrong puisse bénéficier d'un délai de vingt minutes", déclare samedi Michel Rieu, conseiller scientifique de l’AFLD, dans un entretien au Monde, pour expliquer comment Armstrong a pu échapper à la vigilance des médecins préleveurs.
"Il a été prévenu avant tous les contrôles", ajoute-t-il. "En vingt minutes, beaucoup de manipulations sont possibles. Il effectuait des perfusions de sérum physiologique pour diluer son sang. Il remplaçait sa propre urine par une urine artificielle. Il s'administrait l'EPO par petites doses. La substance était indécelable. Sans les renseignements de la gendarmerie ou de la douane, il était impossible de combattre cette méthode", dénonce le spécialiste.
Armstrong réclame une tête à Sarkozy
Pour être informé de l'arrivée des préleveurs, Armstrong disposait de nombreux soutiens, affirme encore Michel Rieu. "Ces appuis débordaient sur l'UCI (Union cycliste internationale, ndlr) et sur le Comité international olympique", accuse-t-il. Selon certains observateurs, Armstrong a bénéficié durant de longues années de l'appui du président de l’UCI, Hein Verbruggen.
Mais ce n’est pas tout. Michel Rieu évoque aussi Nicolas Sarkozy, qui aurait "démissionné" en septembre 2010 Pierre Bordy, alors président de l’AFLD, pour plaire au cycliste américain. "En octobre 2009, Armstrong est convié à un déjeuner à l'Elysée. Derrière cette visite, on sait qu'il souhaitait obtenir le départ du président de l'AFLD, Pierre Bordry. Lequel a démissionné un an plus tard. En mars 2010, Armstrong a offert un vélo au chef de l'Etat. Quelques mois plus tard, le président de la République a profité d'une étape du Tour pour ériger Lance Armstrong en modèle de la jeunesse. Ce fut abusif", déplore-t-il.