Le président du tribunal antiterroriste du Maroc a été implacable vendredi à l’issue du procès en appel des auteurs de l’attentat de Marrakech, perpétré le 28 avril 2011. Le magistrat a alourdi la quasi-totalité des sanctions prononcées en première instance, confirmant la peine capitale pour le Marocain Adil Al-Atmani, reconnu comme le cerveau de l’attentat, et prononçant la même peine à l'encontre de son principal complice, Hakim Dah, condamné à perpétuité en première instance.
La Cour a aussi alourdi la condamnation de six autres accusés à des peines de 6 à 10 ans de prison et confirmé une peine de deux ans de détention pour le neuvième co-accusé.
Appel du parquet
Les neuf accusés avaient été tous condamnés une première fois pour leur "implication avérée" dans l'attentat de Marrakech, principale ville touristique du royaume, qui avait fait 17 morts, dont onze touristes européens, huit Français et trois Suisses, dans le café Argana de Marrakech. Le parquet avait interjeté appel, en qualifiant de "clémentes" les peines de réclusion prononcées. Le verdict contre les sept "complices" avait provoqué à cette époque la colère des familles des victimes. Ces dernières avaient crié au scandale.
Un des avocats des accusés, Khalil Idrissi a critiqué le verdict "lourd" de la Cour, qu'il a considéré comme étant un acte de "complaisance" envers les familles des victimes et de leurs pays. Un autre défenseur des accusés, Me Abdelrahman a estimé que "la Cour a aggravé les peines contre plusieurs accusés qui n'ont aucun rapport avec ce crime".
Les familles satisfaites
Mais les familles des victimes françaises se sont déclarées satisfaites. "Je peux faire mon deuil maintenant", a déclaré Jacques Maude, un proche d'une des victimes, qui a réitéré sa confiance dans la justice marocaine.
Cet attentat, qui avait secoué le pays, était le premier à être perpétré au Maroc depuis 2003. Il avait porté un coup très rude au tourisme, une des principales sources de devises étrangères du royaume.
Mercredi, les accusés ont nié catégoriquement les charges retenues contre eux, les avocats de la partie civile ayant pour leur part qualifié de "lâche" cette attitude. La défense des familles de victimes a renouvelé à cette occasion sa demande, comme elle l'avait fait en octobre, de "ne pas condamner le principal accusé à la peine de mort", pour qu’on "ne le considère pas comme un martyr". Toujours inscrite dans le code pénal, mais en voie d'être formellement supprimée, la peine de mort n'est plus appliquée au Maroc depuis 1992.