Mise au ban. La maison a l'air aussi abandonnée que le quartier. Devant la progression du virus Ebola, les habitants ont quitté les lieux. Tous, sauf ces trois enfants, terrés chez eux. Orphelins, leurs parents tués par l'épidémie, ils ne sortent pas ou peu. Et pour cause, dehors personne ne veut les approcher, leur parler, encore moins les aider. Par peur d'être contaminé.
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"Les gens qu'on connaît depuis toujours nous fuient". Personne, pas même leur oncle qui vient parfois déposer de l'argent sur le pas de la porte avant de s'enfuir. Dans le témoignage de Promesse, l'aînée de la fratrie, le traumatisme de la mise au ban affleure : "Au début, tous les voisins ont déménagé par peur. Tout le monde refusait notre argent, maintenant, au moins, les commerçants le prennent. Dans ma tête, je pensais que les gens nous aideraient, mais en fait c'est l'inverse. Je ne pensais pas que dans ces moments là des gens qu'on connaît depuis toujours nous fuiraient. "
Molton se bat contre "les regards de travers". Les enfants sont donc seuls au monde, ou presque. Car Molton, un bénévole du quartier, continue de les aider. Grâce à lui, ils restent connectés à la société. Molton ne le cache pas, les "regards de travers" le dégoûtent "plus que le virus" : "Même si c'est juste votre père qui est malade, une fois que l'ambulance arrive dans le quartier, c'est fini. Plus personne ne vous approche au supermarché, les gens vous évitent. La société est abîmée, et c'est ça qu'on devra combattre dans les cinq mois à venir."
A Monrovia, les médecins luttent contre l'épidémie du virus Ebola qui a déjà fait au moins 792 morts dans le pays. La société, elle, doit lutter contre elle-même. Et contre le cancer de la suspicion qui la ronge.
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Pourquoi Ebola revient-il en force maintenant ?par Europe1fr