Répéter les gestes pour éviter l'erreur. Le bruit du zip qui remonte le long du corps, la combinaison jaune qui profile la silhouette. Le masque, les lunettes, la double paire de gants. Frédéric, médecin pompier, revêt sans relâche la tenue qui lui permettra de soigner les patients atteints du virus Ebola lors de son prochain séjour en Guinée. Les gestes doivent être précis, rapides. Il en va aussi de sa survie. Le volontaire nous témoigne de sa motivation, mais aussi de ses peurs : "La plus grosse inconnue c'est la capacité à garder cette tenue par des températures très élevées pendant longtemps. Quelle que soit votre rigueur, à un moment ou à un autre, vous serez fatigués, vous ferez une bêtise, c'est du stress supplémentaire. Et ici, on est dans un endroit où il n'y a pas de virus..."
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"J'ai beaucoup réfléchi". Aucun des participants à cette formation dans un centre de Médecins Sans Frontières de Bruxelles ne sait vraiment comment il va réagir une fois envoyé sur le terrain. Parmi eux, Emmanuel, qui part dans quelques jours, pour cinq semaines en Sierra-Leone. Il explique qu'il a mûrement réfléchi cet engagement : "Il fallait que je réfléchisse, que je sache si j'étais prêt. Ce n'est pas une question d'envie, c'est plus une question de savoir si j'étais prêt à aller sur le terrain, à aider les gens tout en restant en bonne santé."
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"C'est complètement inhumain parfois". Entre deux ateliers, les conseils de ceux qui reviennent sont très précieux. Une infirmière souligne toute la difficulté d'adaptation que représente ces semaines d'immersion en Guinée, au Liberia ou en Sierra-Leone : il faut changer ses réflexes de soin, apprendre à d'abord se protéger avant de se soigner. La tâche n'est pas facile pour ces professionnels, qui ont des habitudes bien différentes. "Dans un hôpital normal on va tout de suite aider les patients. Là-bas, il va falloir se protéger avant tout, c'est complètement inhumain parfois", conclut l'infirmière.
Inhumain, comme quand il faut refuser du monde, quand le centre ne peut plus accueillir toutes les personnes venues se faire soigner. La préparation est donc aussi psychologique. Il n'est pas rare que certains humanitaires écourtent parfois leur voyage, étreints par un sentiment d'impuissance, une impression de ne pas pouvoir faire sont travail : soigner.