Il s'agit avant tout d'une question de principe. Les professionnels du foie gras sont furieux car leurs produits seront dans quelques jours interdits en Californie, au nom du bien être animal. Une décision dont l'impact économique est loin d'être majeur, mais les producteurs montent au créneau pour défendre la liberté de consommer.
Depuis quatre ou cinq ans, l'exportation de foie gras français vers les Etats-Unis est en effet quasiment nulle, selon le Comité interprofessionnel du foie gras (Cifog), pour qui la décision de la Californie "cause vraiment un préjudice d'image".
Le gavage vu comme de la torture
Au cœur de la controverse, la question du gavage. La loi californienne a été votée en 2004 à l'initiative d'associations et de personnalités politiques pour lesquels cette pratique s'apparente à de la torture. "Nous respectons la physiologie de l'animal", se défend Marie-Pierre Pé, déléguée générale du Cifog, estimant que les opposants au gavage "font de l'anthropomorphisme : ils oublient que l'œsophage des oies et canards est élastique, à la différence de celui des humains".
La riposte s'organise donc dans les rangs des producteurs de foie gras. Marie-Pierre Pé, indique avoir demandé un rendez-vous au ministre de l'Agriculture. La Hongrie et la Bulgarie, également membres de la "fédération européenne du foie gras", ont eux aussi saisi leurs gouvernements pour que la Commission européenne engage des démarches auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). La position californienne serait en effet contraire aux règles édictées par l'OMC.
Le gouverneur de Californie invité
Le président de la région Midi-Pyrénées, le socialiste Martin Malvy, a de son côté décidé de prendre l'affaire "avec humour" et a envoyé un mail à une dizaine d'agences de voyages californiennes. Le but : "leur redonner goût au foie gras ou le leur faire découvrir, pour qu'ils voient ce que c'est le gavage". Une invitation a aussi été envoyée au gouverneur de l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis.
Outre-Atlantique, l'interdiction ne fait d'ailleurs pas l'unanimité : une centaine de restaurateurs de Californie ont lancé une pétition il y a quelques mois pour protester contre la mesure, rapporte La République des Pyrénées.
Un chef français installé à Santa Barbara se montre d'ailleurs relativement optimiste et rappelle au quotidien qu'une interdiction similaire a été mise en place à Chicago il y a quelques années. Mais elle a été bien vite contournée par les restaurateurs et a fini par être retirée au bout de deux ans à peine.