Un an après, il est temps de tirer toutes les leçons des tueries d'Olslo et d'Utoeya. Au risque de provoquer le malaise et une nouvelle polémique. Selon la commission indépendante, mise en place pour tirer des enseignements des attaques en Norvège, les actes commis par Anders Breivik pouvaient être évités. La commission a en effet sévèrement critiqué lundi le travail de la police qui aurait pu, selon elle, arrêter Anders Behring Breivik avant les attaques qui ont fait 77 morts l'été dernier.
Le 22 juillet, l'extrémiste Anders Behring Breivik avait d'abord tué huit personnes en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo. Il s'était ensuite rendu sur l'île d'Utoeya pour abattre 69 jeunes sur un camp d'été de la Jeunesse travailliste.
"L'attaque contre le quartier des ministères du 22 juillet aurait pu être évitée grâce à l'application efficace des mesures de sécurité existantes", a conclu la commission dans un rapport remis au Premier ministre Jens Stoltenberg. "Une intervention de la police était vraiment possible. L'auteur des attaques aurait pu être stoppé plus tôt", a-t-elle ajouté.
La lenteur des policiers pointée du doigt
La police norvégienne a été vivement critiquée pour sa lenteur présumée : plus de trois heures s'étaient écoulées entre l'attentat d'Oslo et l'arrestation de Breivik sur Utoeya. Pourtant, son nom était déjà connu des services de sécurité. La fusillade d'Utoeya elle-même avait duré environ une heure et quart, la police ayant peiné à trouver des moyens pour se rendre sur cette petite île située sur un lac, à 600 mètres de la berge.
Dans son rapport de près de 500 pages, la commission de dix membres a critiqué le fait qu'en raison de lenteurs bureaucratiques, la rue longeant le siège du gouvernement n'a pas été fermée au trafic conformément à ce qui avait été préconisé dès 2004. Cela a permis à Breivik de garer une camionnette contenant une bombe de 950 kg au pied de la tour de 17 étages qui abrite les bureaux du chef du gouvernement.
"Une gestion du temps inacceptable"
La commission a aussi déploré les dysfonctionnements de la police avant et pendant la tuerie d'Utoeya : signalements tardifs de Breivik et de son véhicule, problèmes de communication, procédures mal respectées, moyens inadaptés... Pas moins de 35 minutes se sont écoulées entre l'arrivée d'une première patrouille de police sur les berges du lac et le moment où la force spéciale d'intervention a débarqué sur Utoeya.
Alors qu'ils auraient dû tout faire pour se rendre sur l'île conformément aux instructions en vigueur en cas de fusillade, les deux premiers policiers du commissariat local sont restés sur les rives du lac, affirmant ne pas avoir trouvé d'embarcation pour les transporter. C'est finalement la force d'élite Delta venue d'Oslo, à une quarantaine de kilomètres de là, qui a débarqué sur l'île dans des conditions épiques. Les policiers étaient en effet surchargés et leur canot a rendu l'âme sur le lac, ce qui les a obligés à emprunter deux bateaux de plaisance. "La gestion du temps dans la première phase de l'intervention de la police est inacceptable", a résumé Alexandra Bech Gjoerv, le président de la commission.
Lors de son procès qui s'est achevé le 22 juin, Breivik a reconnu être l'auteur des attaques mais a plaidé non coupable. Le verdict doit tomber le 24 août.