L'extrémiste de droite Anders Behring Breivik, qui a tué 77 personnes en Norvège en 2011, revient devant la justice ce mardi, accusant l'Etat de violer les droits de l'Homme en le maintenant à l'isolement depuis près de cinq ans. Pour des raisons de sécurité, le procès de quatre jours se tient derrière de hautes murailles grisâtres dans le gymnase de la prison de Skien, à 130 km au sud-ouest d'Oslo, où Breivik purge sa peine.
Il prendra la parole mercredi. La première journée doit être consacrée aux déclarations liminaires des avocats des deux parties. Breivik s'exprimera pour sa part pendant environ trois heures mercredi matin. L'extrémiste de 37 ans reproche à l'Etat d'enfreindre deux dispositions de la Convention européenne des droits de l'Homme, l'une interdisant les "peines ou traitements inhumains ou dégradants", l'autre garantissant le "droit au respect de sa vie privée (...) et de sa correspondance".
Une peine de 21 ans de prison. Le 22 juillet 2011, Breivik avait fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, tuant huit personnes, puis tiré sur un rassemblement de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utøya, faisant 69 autres victimes, pour la plupart des adolescents. Il a été condamné en 2012 à 21 ans de prison, alors la peine maximale en Norvège. Celle-ci pourra être prolongée tant qu'il sera jugé dangereux.
Un test pour l'Etat de droit. Considéré comme un nouveau test pour l'Etat de droit, le procès de Breivik risque de rouvrir des plaies dans le pays scandinave où l'on essaie d'oublier l'auteur des attaques les plus sanglantes perpétrées sur le territoire national depuis la Seconde Guerre mondiale. Breivik "a obtenu ce qu'il voulait", tweetait lundi Viljar Hanssen, un rescapé d'Utøya. "Il est adulé dans les milieux d'extrême droite et peut diffuser la haine depuis sa cellule". Lors du carnage sur la petite île où Breivik avait traqué pendant plus d'une heure des adolescents terrifiés, ce jeune homme avait été atteint de quatre balles, dont une à la tête. "Fier et heureux cependant de vivre dans un solide État de droit pour tous. C'est notre pierre angulaire pour une démocratie moderne", a-t-il souligné.