Breivik, un procès entre larmes et rire

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L'extrémiste norvégien est passé par tous les états durant le procès. Verdict vendredi.

Quelle tête fera Anders Behring Breivik, vendredi, à l'énoncé de son verdict ? Restera-t-il impassible, comme souvent durant le procès qui s'est déroulé en avril ? Ou laissera-t-il poindre un sourire, ou perler quelques larmes, comme ce fut également le cas durant les deux mois de procès ? Difficile d'anticiper la réaction du tueur de 69 jeunes sur l'île d'Utoya en juillet 2011. Mercredi, son avocat a en tout cas assuré qu'il avait préparé un texte qu'il lirait une fois le verdict tombé. En attendant, retour sur l'attitude déstabilisante de l'extrémiste durant son procès.

Les premières larmes

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Peu d'images de Breivik ont circulé avant l'ouverture de son procès. Lorsqu'il arrive dans la salle d'audience, le 16 avril, on découvre un homme en costume noir, chemise blanche, cravate ocre, impassible dans un premier temps. Une fois les menottes enlevées, il se livre à une première provocation avec un salut extrémiste. Puis, quatre heures après le début de son procès, il fond en larmes, seul, au moment où le tribunal projette sur grand écran le film de 12 minutes qu'il avait diffusé le jour des attaques. Juste avant, il avait plaidé non coupable.

Une heure de tribune le 17 avril

Le deuxième jour du procès, Anders Behring Breivik prend la parole, à sa demande. Faisant preuve de peu de remords, il se lance dans un long monologue. L'envoyée spéciale d'Europe 1 à Oslo parle de "provocations" à l'égard des familles. "Il n'a pratiquement pas relevé la tête pendant une heure", lisant impassiblement "neuf pages d'exposé doctrinaire, des statistiques à l'appui sur les dangers du multiculturalisme", ajoute-t-elle. Choqués, beaucoup quittent la salle d'audience.

Il raconte la tuerie par le menu

Au cinquième jour du procès, l'extrémiste est invité à raconter la tuerie. Avant de commencer, il fait preuve d'attention vis-à-vis du public et invite ceux qui le veulent à sortir car, dit-il, "ça va être macabre". Tentant de donner le plus de détails possible, Breivik parle un long moment. Selon une journaliste sur place, "c'est la première fois qu'il a l'air troublé". "J'ai fini dans un état de choc", assure-t-il. Les personnes présentes dans la salle ont, elles, du mal à contenir leurs larmes.

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Des excuses partielles

Breivik est insaisissable. Il présente ses "profondes excuses" à l'adresse des proches des "civils innocents" au sixième jour de son procès. "Ils ont perdu tout ce qu'ils avaient de plus cher", a-t-il assuré en parlant des proches des victimes. Mais quelques heures plus tard, avant la fin de l'audience, il s'agace : "les choses sont comme elles sont, je referais exactement la même chose aujourd'hui", assurant que c'était "atroce mais nécessaire". Pendant ce temps, les experts continuent de débattre de la responsabilité pénale du tueur, véritable clé pour juger s'il doit purger une peine de prison ou être interné.

Touché par les témoignages

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Anders Behring Breivik n'est pas insensible aux témoignages des survivants qui viennent témoigner à la barre. "C'est très dur d'être ici. On ne peut pas ne pas être "saisi" par ces descriptions", confie-t-il après le témoignage d'un étudiant de 26 ans qui était venu expliquer à la Cour comment il a échappé in extremis à la mort après avoir perdu deux litres de sang à la suite de l'explosion. Cela ne l'empêche pas de ne pas regretter son geste et de l'assumer pleinement. Son sort est désormais entre les mains de la justice.