L'info. Contesté dans la rue et sous forte pression internationale, le nouvel homme fort du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Isaac Zida, a promis lundi une transition "dans un cadre constitutionnel", laissant entrevoir un passage de flambeau aux autorités civiles."Le pouvoir exécutif sera conduit par un organe de transition dans un cadre constitutionnel", a affirmé le lieutenant-colonel Zida, lors d'une rencontre avec le corps diplomatique."Cet organe de transition sera dirigé par une personnalité consensuelle désignée par tous les acteurs de la vie nationale", a déclaré M. Zida, ajoutant qu'il souhaitait que cela se fasse dans un délai "le plus bref possible".
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La Constitution burkinabè, que les militaires ont suspendue vendredi soir, prévoit que le président de l'Assemblée nationale assure l'intérim en cas de vacance du pouvoir dans ce pays pauvre du Sahel comptant 17 millions d'habitants. Or l'Assemblée a été dissoute dans les premières heures du pouvoir militaire, et son président reste introuvable .Cette nouvelle déclaration du lieutenant-colonel, qui laisse à penser qu'un civil - et non plus un militaire - pourrait prendre la tête de la transition, intervient alors que les Etats-Unis ont appelé ce week-end l'armée burkinabè "à transmettre immédiatement le pouvoir aux autorités civiles".
Le peuple réclame un pouvoir civil. Washington, allié privilégié du Burkina dans la lutte contre les djihadistes au Sahel, a également condamné "la tentative de l'armée burkinabè d'imposer sa volonté au peuple". Le nouveau chef de la transition devait encore poursuivre lundi ses consultations avec les forces politiques et la communauté internationale à Ouagadougou, où la situation était calme après l'intervention musclée de l'armée, qui chassé les manifestants des locaux de la télévision publique et de la place de la Nation, rebaptisé "place de révolution" et épicentre de la contestation. Après la chute vendredi du président Blaise Compaoré, poussé à la démission par une insurrection populaire après 27 ans au pouvoir, la haute hiérarchie militaire a placé à la tête du pays le lieutenant-colonel Isaac Zida, numéro 2 de la garde présidentielle, mais l'opposition, la société civile et la population réclament un pouvoir civil.
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La journée de dimanche a été marquée par la mort d'un jeune homme qui manifestait devant la télévision nationale, tué par une balle perdue, selon l'armée, lorsque les soldats ont dispersé l'attroupement.La situation au Burkina Faso doit également être au coeur d'une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine à Addis Abeba.Dans les rues de Ouagadougou, la circulation avait repris normalement lundi matin, avec l'habituel ballet de mobylettes.Le grand marché, centre névralgique du commerce fermé depuis six jours en raison des événements, a rouvert, ainsi que les banques.
Beaucoup (trop) de chefs d'Etat auto-proclamés. Les écoles, qui avaient fermé leurs portes le 27 octobre à cause de la situation tendue, ont également rouvert. La capitale a vécu dimanche une journée mouvementée. A coup de gaz lacrymogène et de tirs de sommation, l'armée a chassé les milliers de manifestants qui contestaient sa prise de pouvoir sur la place de la Nation, devenue le lieu névralgique du mouvement de contestation populaire.Les militaires ont aussi dispersé plusieurs centaines de personnes devant la radio-télévision nationale, où un général et ex-ministre de la Défense de Compaore, Kouamé Lougué, et une dirigeante d'un petit parti politique, Saran Sérémé, ont tenté vainement de se proclamer chef de l'Etat devant les caméras. Malgré ce coup de force militaire, le lieutenant-colonel Zida a réitéré dimanche soir son engagement à conduire un processus de transition en concertation avec toutes les composantes de la société burkinabè.
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"Le pouvoir ne nous intéresse pas, seul l'intérêt supérieur de la Nation prime", a-t-il affirmé au nom de l'armée dans un communiqué. "Un organe de transition sera mis en place avec toutes les composantes qui seront arrêtées par un large consensus, et dont la durée sera précisée".La communauté internationale a vivement réprouvé la prise de pouvoir de facto par les militaires. La médiation internationale tripartite au Burkina, conduite par l'ONU, l'Union africaine (UA) et la Cédéao, l'organisation régionale de l'Afrique de l'Ouest, a évoqué la menace de "sanctions" si l'ordre constitutionnel, qui prévoit un intérim du président du Parlement, n'était pas respecté.
La France reste distante. L'Union européenne a demandé à l'armée burkinabè à respecter les droits fondamentaux de la population, y compris celui de manifester pacifiquement, tandis que le président ghanéen John Dramani Mahama, qui dirige la Cédéao, a appelé "au dialogue" et à la retenue pour éviter que "la situation déjà précaire" ne dégénère. La France, ancienne puissance coloniale et premier bailleur de fonds du Burkina Faso, ne s'est pas exprimée depuis 48 heures mais suit de près les évènements. Les pays africains dont les chefs d'Etat envisageaient, comme M. Compaoré, de modifier leur Constitution pour se maintenir au pouvoir, sont restés silencieux. Loin de cette confusion, l'ex-président Compaoré jouit d'un refuge doré à Yamoussoukro, en Côte d'Ivoire voisine dirigée par son ami Alassane Ouattara, où il est logé depuis vendredi dans une luxueuse résidence d'Etat.