Deux hommes armés de kalachnikovs ont attaqué les cars de touristes qui stationnaient devant le musée du Bardo de Tunis mercredi. Ils ont ensuite poursuivi leurs victimes à l'intérieur du bâtiment. Bilan de l'attaque : 21 morts et 44 blessés. Parmi eux, troisFrançais.
L'ESSENTIEL
• Le bilan
20 morts, 44 blessés. 21 personnes sont mortes et 44 autres ont été blessés lors de l'attaque du musée du Bardo menée par deux hommes armés de kalachnikovs.Côté français, trois personnes sont décédées et au moins huit autres ont été blessés. Le musée rouvrira ses portes "mardi au plus tard", a annoncé le ministère de la Culture.
Neuf touristes en croisières tués dans l'attaque. Parmi les victimes, neuf passagers d'un paquebot appartenant à MSC Croisières qui faisait escale à Tunis. Contacté par Europe 1, le président de la compagnie, Erminio Eschinia, explique que l'équipage a rapidement arrêté tout sortie du bateau et a rapatrié tous les autocars sortis dans la matinée pour les excursions". "On s'est également assuré que tous les passagers puissent revenir à bord", a-t-il ajouté. Sur le bateau, reparti avec l'aval des autorités tunisienne, l'ambiance est lourde. Des médecins sont présents pour donner aux victimes et au reste des passagers soutien psychologique et réconfort. La compagnie suspend jusqu'à nouvel ordre les escales à Tunis.
• Le récit
Une centaine de touristes présents lors de l'attaque. Aux alentours de 12 heures 30, des assaillants vêtus d'uniforme militaire ont surgi sur le parking devant le musée du Bardo. "Les assaillants ont tiré sur les touristes après qu'ils sont descendus du bus qui les transportaient et ils les ont poursuivi à l'intérieur du musée", a décrit le Premier ministre Habib Essid, sans parler de prise d'otages. Selon un porte-parole du gouvernement, une centaine de touristes se trouvaient dans le musée lorsque l'attaque s'est produite et "la majorité" d'entre eux "ont été évacués", a indiqué le porte-parole Mohamed Ali Aroui. Le site Tuniscope a diffusé en tout début d'après-midi des photographies de personnes qui semblent retranchées dans les locaux, parlant "d'otages", mais il est difficile de connaître l'origine des clichés.
L'histoire : ils passent la nuit au musée. Deux touristes espagnols ont été retrouvés jeudi matin au musée du Bardo après avoir passé la nuit cachés à l'intérieur par un employé du site. Lassaad Bouali de son nom "a caché les deux touristes espagnols dans un bureau". Lui aussi sain et sauf, il a pu retrouver sa mère, soulagée : "J'ai cru que mon fils était mort", a-t-elle confié. Quant à savoir comment les trois personnes ont pu passer la nuit seuls dans le bâtiment, les autorités tunisiennes n'ont pas pu donner de réponse.
Attaque du Bardo : premières images de l...par lemondefr• L'enquête
"Des tirs et des applaudissements". Un témoin de l'opération des forces de l'ordre raconte à Europe 1 que l'armée est intervenue : "Des blindés sont entrés. On a entendu des tirs et des applaudissements derrière et on a bien compris qu'ils ont fini l'opération et que les terroristes étaient morts". Géraldine, une touriste française sur place, a témoigné sur iTélé. Proche de lieux où se déroulent des fusillades, ses paroles sont confuses : "Tout à l'heure, ça a tiré dans le musée et on est tous retranchés dans le musée et là, ça tire à l'extérieur". "Je ne peux rien voir car on s'est tous mis au sol", a-t-elle précisé. "On est assis près d'une sorte de balcon avec des vitres mais on n'ose pas passer la tête à travers les vitres".
• Les réactions
Un rassemblement à Tunis. Plusieurs appels au rassemblement ont été lancés sur les réseaux sociaux. Ennahda, le parti islamiste, a notamment invité les Tunisiens à se retrouver à 18 heures 30 dans la capitale. Dans la soirée, quelques centaines de personnes étaient réunies pour protester contre le terrorisme.
La France exprime sa solidarité. François Hollande a exprimé la "solidarité de la France" lors d'une brève conversation téléphonique avec son homologue tunisien Béji Caïd Essebsi, a-t-on appris auprès de l'Elysée. Le Premier ministre Manuel Valls a condamné l'attaque "avec la plus grande fermeté", parlant d'une "prise d'otages" en cours. Il a ajouté que cette "attaque terroriste (...) illustre cruellement les menaces auxquelles nous sommes tous confrontés en Europe, en Méditerranée, dans le monde". La Quai d'Orsay a ouvert un centre de crise ainsi qu'un numéro d'urgence joignable au 01.43.17.56.46, annonce le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Attaque #terroriste en #Tunisie: le centre de crise du quai d'Orsay est mobilisé un numéro d'urgence vient d'être mis en place 0143175646— Romain Nadal (@NadalDiplo) 18 Mars 2015
Le secrétaire d'Etat américain à la Défense ainsi que le secrétaire général de l'ONU ont également fait part de leur sympathie.
• Le contexte
Un texte sur le terrorisme en discussion au Parlement. Des échanges de tirs ont éclaté tout d'abord dans l'enceinte du parlement à la mi-journée, a rapporté l'agence de presse tunisienne TAP. D'après la députée islamiste Sayida Ounissi, des membres des forces armées étaient en cours d'audition au Parlement pour y discuter de la loi anti-terroriste qui doit être adoptée en Tunisie. La femme politique affirme que le ministre tunisien de la Justice, des juges mais également des cadres de l'armée se trouvaient dans la bâtiment au moment de l'attaque.
La panique est énorme. En pleine audition des forces armées sur la loi anti terroriste. J'ai été évacuée avec Ameur Laraied.— Sayida Ounissi (@SaidaOunissi) 18 Mars 2015
"Les travaux des commissions parlementaires ont été suspendus et les députés ont reçu l'ordre de se rassembler dans le hall de l'Assemblée", a déclaré Monia Brahim, élue du parti islamiste Ennahda. Selon les témoins, les policiers ont tenté d'évacuer les lieux.
Où se trouve le Bardo ? Le quartier du Bardo, à l'ouest de la capitale tunisienne, a été partiellement bouclé par les autorités. La bâtiment du Bardo, qui date de l'époque ottomane, abrite à la fois le parlement tunisien et un musée national, largement reconnu pour sa collection archéologique et ses mosaïques.
>> LIRE AUSSI - "Des cadavres, du sang, ça fait très mal"
>> LIRE AUSSI - Les réactions politiques françaises à l'attaque de Tunis
>> VOIR AUSSI - Les images de l'attaque de Tunis
>> LIRE AUSSI - En pleine évacuation, les députés entonnent l'hymne national
>> LIRE AUSSI - Ce qui m'a sauvé, c'est les gens devant moi"