L'INFO. Nelson Mandela, héros de la lutte anti-apartheid, "s'est éteint" à l'âge de 95 ans à son domicile de Johannesburg, a annoncé jeudi soir le président sud-africain Jacob Zuma. Prix Nobel de la Paix en 1993, "Madiba" incarnait aux yeux du monde entier des valeurs de pardon et de réconciliation pour avoir arraché l'Afrique du Sud au régime raciste et renoncé à toute vengeance contre la minorité blanche qui l'a emprisonné durant vingt-sept longues années. L'ex-président sud-africain a beau avoir été l'un des dirigeants les plus populaires du 20ème siècle, il garde quelques secrets. Les voici.
Mandela ne s’appelait pas Nelson. Mandela a été appelé "Rolihlahla" par son père. En xhosa, le prénom signifie, au sens propre, "enlever la branche d'un arbre" soit l'équivalent de "fauteur de troubles" au figuré. Le prénom anglais Nelson lui sera donné arbitrairement par une enseignante lors de son premier jour d'école, comme il était d'usage. Quant à son surnom "Madiba", il s'agit, en fait, du nom de la tribu dont il est issu.
Il a appris l'afrikaans en prison. Emprisonné en 1964, il est envoyé au terrible bagne de Robben Island, au large du Cap. Pendant des années, sous un soleil de plomb, dans une poussière qui va endommager ses poumons à jamais, il casse des cailloux. Pour chercher à pénétrer l'âme de ses ennemis, il apprend leur langue, l'afrikaans et s'efforce d'aimer leurs plus grands poètes. Son but : mieux comprendre les Blancs, leur culture et leurs motivations.
C'était un mélomane. En prison, il a été privé de musique. Un de ses plus grands plaisirs, après sa libération, était de regarder le soleil se lever en écoutant un air d'Haendel ou de Tchaïkovski. A l’occasion de la Coupe du monde de football de 2010, trois compositeurs sud-africains ont même rendu hommage à Mandela en créant un opéra relatant trois épisodes de sa vie.
La présentation de l'opéra sur la vie de Mandela :
Il a du sang "royal". L'arrière-grand-père paternel de Mandela était roi du peuple Thembu. Le grand-père de Mandela, né d’une union avec une femme d’un autre clan, n’a pas pu accéder au trône. Les liens avec la famille royale Thembu sont toutefois restés étroits et le père de "Madiba", mort quand il avait neuf ans, était un conseiller très respecté de la royauté.
Mandela, un grand séducteur. Jeune homme, il aimait les costumes bien taillés et entretenait joyeusement une réputation de tombeur. Charmeur et facilement charmé, il a eu maintes idylles et s'est marié trois fois. Après Evelyne, sa première épouse, il y eut Winnie, la pétillante infirmière. Son dernier mariage remonte à 1998, le jour de ses 80 ans, avec Graça Machel. Il a eu six enfants de ses deux premières unions, deux filles et deux garçons avec Evelyn, deux filles avec Winnie.
Mandela avec Graça Machel :
La CIA a contribué à son arrestation. Les services secrets américains ont joué un rôle important dans l’arrestation de Nelson Mandela en 1962 : c’est en effet la CIA qui a fourni aux services sud-africains des informations sur les activités de "Madiba", qui ont permis à la police de l’arrêter. A l’époque, les États-Unis s’inquiétaient de voir son mouvement menacer le gouvernement en place, allié de Washington. Et consacraient donc un budget important à la surveillance de groupes comme l’ANC.
Il n’a pas passé toute sa captivité à Robben Island. Nombreux sont les touristes qui se rendent à Robben Island pour y voir la cellule de Nelson Mandela. Sur cette île au large du Cap, le futur Nobel de la Paix n’avait droit qu’à une seule visite de 30 minutes… par an. Et il ne pouvait écrire et recevoir qu’une seule lettre tous les six mois. Mandela n’y a toutefois pas passé la totalité de ses 27 années de captivité, mais "seulement" 18 ans. Deux autres présidents sud-africains sont passés par Robben Island : Jacob Zuma, condamné à dix ans de prison et Kgalema Motlanthe, qui y a également passé dix années.
Invictus est son poème préféré. Si vous n'avez pas vu le film de Clint Eastwood, difficile de le savoir. Ce poème signé William Ernest Henley a pourtant joué un grand rôle dans la vie de Nelson Mandela : durant son incarcération à Robben Island, Madiba le lisait à ses compagnons de cellule. La légende dit aussi que Nelson Mandela aurait lu ce poème au capitaine des Springboks en 1995 avant leur victoire à la Coupe du monde de rugby.
Voici le poème en question :
Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,
Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,
En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,
Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.
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