Considérée comme le plus "vieux métier du monde" par certains, la prostitution est réglementée dans de nombreux Etats. En France, le débat sur la prostitution a été relancé dimanche par la ministre du Droit des femmes. Najat Vallaud-Belkacem a dit vouloir faire "disparaître" la prostitution. Actuellement, recourir à une personne prostituée n'est pas un délit. Depuis 2003, la loi punit le racolage passif, c'est-à-dire celui exercé par la personne prostituée sur la voie publique, de deux mois d'emprisonnement et de 3.750 euros d'amende.
Aujourd'hui, une petite vingtaine de pays appliquent la politique dite du "prohibitionnisme". Dans ces pays, l'activité est interdite, et tous les acteurs, à savoir, les clients, les proxénètes et les prostituées, peuvent être poursuivis pénalement.
Dix-huit pays concernés
En Égypte, au Maroc, aux Comores, au Belize, au Japon, aux États-Unis (sauf dans dix comtés du Nevada, où elle est réglementée), en Arabie saoudite, en Birmanie, en Corée du Sud, dans les Émirats arabes unis, en Iran, au Laos, en Mongolie, au Népal, aux Philippines, en République populaire de Chine, au Sri Lanka, au Vietnam, au Japon ou encore au Yémen, la prostitution est interdite.
"Pour chacun de ces pays, il y a une histoire", explique Frédéric Boisard, chef de projet à la Fondation Scelles, interrogé par Europe1.fr. Par exemple, les Etats-Unis "sont très puritains. Ils ont donc interdit la prostitution depuis des années", souligne-t-il. Et d'ajouter : "en Chine, la prostitution est perçu comme une nuisance au bien être de l'être humain, une nuisance à l'image du Parti communiste."
Une législation peu efficace
Mais même s'il existe un cadre législatif strict, " il y a beaucoup d'hypocrisie entre ce qui peut être gravé dans le marbre et la réalité", affirme Frédéric Boisard. Ainsi explique Françoise Gil, sociologue spécialisée de la prostitution, interrogée par Europe1.fr, "dans les pays du Golfe, "beaucoup de femmes s'installent comme danseuses, chanteuses ou coiffeuses, mais en réalité ce sont des prostituées".
Frédéric Boisard est encore plus affirmatif : une telle interdiction "ne marche pas. En Chine, selon des études, il y a entre 4 et 5 millions de personnes qui se prostituent. Aux Etats-Unis, c'est difficile à savoir, mais elles seraient environ 200.000."
Ainsi, lors des derniers Jeux olympiques en Chine, "il y a eu beaucoup de descentes de police et d'arrestation de proxénètes. Mais aujourd'hui, la pression s 'est arrêtée, et les clients reviennent", note Frédéric Boisard.
Une économie souterraine
Au Japon, où l'interdiction existe depuis une loi de 1956, "l'activité économique souterraine générée par la prostitution représente 2 à 3% du PIB", détaille Frédéric Boisard. En pratique, "des politiques immédiates sont lancées mais sans aucune vision à long terme", analyse-t-il. En outre, les gouvernements n'ont pas les moyens de lutter contre "les nombreux groupes criminels bien implantés", assure-t-il.
La Suède, " le meilleur exemple"
Au-delà de ces dix-huit pays, la Suède a adopté un chois différent. Depuis le 1er janvier 1999, la loi sanctionne uniquement les "clients". Pour ce pays, cette législation est le fruit d'une histoire politique. "Des femmes et des hommes engagés se sont battus contre l'opinion publique pour défendre leurs opinions. Un peu comme le débat sur la peine de mort en France en 1981. Aujourd'hui, l'opinion publique a basculé. Elle est favorable au maintien de cette interdiction totale", explique Frédéric Boisard.
Selon lui, c'est "aujourd'hui le système le moins mauvais car on n’a pas dit qu'on interdisait la prostitution". En Suède, le débat a été présenté différemment. "Le client d'une prostituée devient pénalement responsable pour violences faite aux femmes".