«C’est problématique» : l'avis de François Braun, ancien ministre de la Santé, sur le projet de loi fin de vie
Le texte sur la fin de vie, actuellement en commission des affaires sociales à l’Assemblée, suscite l'inquiétude de nombreux soignants. Le collectif "Démocratie, éthique et solidarités", dont François Braun, ex-ministre de la Santé, critique plusieurs aspects du projet, notamment le fait que la décision pourrait être prise par un seul médecin et les conditions floues d’accès à l’aide à mourir.
Le texte sur la fin de vie est actuellement examiné en commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale, depuis ce mardi. Un projet de loi profondément modifié depuis l’annonce par Emmanuel Macron de la volonté d’ouvrir l’accès à un droit à mourir en France. Si la proposition a suscité un large débat, elle inquiète désormais vivement des soignants, notamment au sein du collectif "Démocratie, éthique et solidarités", qui rassemble des centaines de personnalités : médecins, scientifiques, juristes, et même un ancien ministre de la Santé. Les signataires jugent ce texte inacceptable pour plusieurs raisons.
Parmi les signataires de cet avis, François Braun, ex-ministre de la Santé, exprime plusieurs préoccupations majeures concernant le projet de loi. Selon lui, l’une des premières erreurs réside dans la responsabilité donnée à un seul médecin pour valider une demande d’aide à mourir, sans la consultation d’autres confrères. "C’est problématique. La loi actuelle Claeys-Leonetti, qui encadre la sédation profonde et continue, exige une décision collective prise par deux médecins. Je pense que le fait de confier cette décision à un seul médecin me semble compliqué", explique-t-il au micro d’Europe 1.
"Là, il n’y a plus d’horizon temporel"
Une autre source d’inquiétude concerne les conditions d’accès à l’aide à mourir, jugées trop floues. "Dans le texte initial, il y avait la notion de pronostic vital engagé à court ou moyen terme, ce qui permettait d’identifier clairement ce que cela signifiait. Là, il n’y a plus d’horizon temporel, ce qui ouvre la porte à de multiples interprétations, qui peuvent être préjudiciables", déclare François Braun.
Pour l’ex-ministre, le texte devrait être entièrement revu. Avant d’éventuellement autoriser l’aide à mourir, il juge nécessaire de voter une loi visant à améliorer l’accès aux soins palliatifs, pour garantir aux patients une prise en charge optimale en fin de vie. Cette proposition pourrait ainsi avoir des conséquences importantes sur la manière dont la fin de vie est traitée en France, mais elle nécessite une réflexion approfondie et des garanties supplémentaires pour éviter des dérives.