A peine quelques degrés supplémentaires, et les conséquences pourraient être catastrophiques, imprévisibles et mondiales. Dans son rapport sur le changement climatique publié lundi, la Banque mondiale tire ainsi la sonnette d'alarme : sans effort supplémentaire, la planète va droit à la catastrophe, citant entre autres des vagues de chaleur sans précédent, de graves sécheresses, une baisse des stocks mondiaux de denrées alimentaires, une perte d’écosystèmes et de biodiversité et une élévation dangereuse du niveau des mers.
Quatre degrés supplémentaires dans cinquante ans ? Seon le rapport de l'institution financière, le calendrier est le suivant : même si nous respectons les engagements actuels de réduction des gaz à effet de serre, la température mondiale devrait augmenter de plus de 3%, peut-être de 4% d'ici 2100. Si ces engagements ne sont pas tenus, la hausse pourrait se produire encore plus vite, en 2060, soit dans moins de cinquante ans. Or, une hausse de 4% signifie une élévation du niveau de la mer de 0,5 à 1 mètre.
Les plus pauvres sont les plus menacés. "Aucune nation ne sera épargnée par les impacts du changement climatique", prévient le rapport. Cependant, les régions plus pauvres seront les plus touchées, celles-là même qui sont "le moins aptes économiquement, institutionnellement, scientifiquement et techniquement à faire face et à s'adapter aux catastrophes". Les Petits Etats insulaires en développement (SIDS) et les Pays les moins avancés (LDC), deux catégories de pays reconnues par les Nations unies, ont prévenu qu'une hausse de la température supérieure à 1,5° menacerait leur développement, voire leur survie.
L'exemple de l'Afrique subsaharienne. Dans ce rapport, on peut retenir un exemple : l'Afrique subsaharienne. La Banque mondiale y redoute des "effets en cascade en grande partie imprévisibles" : une montée du niveau de la mer entraînerait une contamination de l'eau douce par de l'eau salée, qui perturberait les écosystèmes et l'agriculture, qui, à leur tour, entraîneraient des déplacements de population, aggravant le risque de conflit sur le continent. En chiffres, 4 degrés supplémentaires signifie, selon les calculs de la Banque mondiale, une disparition de 25 à 42% des 5197 espèces végétales étudiées en Afrique. 35% des terres cultivables ne le seraient plus. Enfin, les nouvelles espèces de moustiques apparues à la faveur de la hausse de la température pourraient augmenter de 50% le risque de transmission de la malaria.
Il est encore possible d'éviter le pire. "Nous pouvons et nous devons éviter une hausse de 4 degrés", affirme le président du groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, rappelant "notre responsabilité morale d’agir pour le bien des générations futures, et en particulier les plus pauvres." "Nous n'en finirons jamais avec la pauvreté si nous ne réglons pas le problème du changement climatique, ajoute-t-il. C'est l'un des plus grands défis de la justice sociale aujourd'hui." "J'ai l'espoir que ce rapport nous pousse à agir", conclut-il.
La Banque mondiale a elle-même doublé l'année dernière le montant de son aide aux pays qui tentent de s'adapter au changement climatique. L'institution gère aujourd'hui 7,2 milliards de dollars de fonds d'investissements climatiques dans 48 pays.