L'enquête sur le naufrage du Concordia, près de l'île italienne du Giglio, progresse pour tenter de déterminer les responsabilités des uns et des autres. Mais les principaux accusés, le capitaine Francesco Schettino et la compagnie Costa Croisière, se renvoient la responsabilité de ce naufrage qui a fait à ce jour 16 morts et autant de disparus.
La justice s’intéresse à Costa Croisière…
A l’issue de leur rencontre mercredi, les procureurs de Grosseto et de Florence se sont mis d’accord pour considérer que l’enquête ne pouvait se porter sur le seul cas du capitaine Schettino.
"L'employeur est responsable. Nous devons nous pencher sur les choix faits par l'opérateur", y compris lors du recrutement du commandant, a déclaré le procureur de Florence, relevant aussi des lacunes dans le fonctionnement des chaloupes de sauvetage et la préparation du personnel.
…qui se défausse sur le capitaine Schettino
Pour sa défense, la compagnie de croisière accuse le capitaine de lui avoir transmis des informations ne lui permettant pas de prendre la mesure du drame. Le patron de Costa, Pier Luigi Foschi, a détaillé devant les sénateurs italiens le contenu des échanges téléphoniques entre le capitaine et Roberto Ferrarini, chef de l'unité de crise de Costa Croisière.
Environ dix minutes après l'impact, "Schettino a dit qu'il avait un grand problème à bord. Il a dit qu'il avait heurté un rocher et qu'il n'avait plus de courant à bord. Le capitaine a dit que seule une des pièces étanches avait été inondée", a-t-il déclaré. Au cours d'un deuxième appel, 15 minutes plus tard, le capitaine a indiqué qu'une deuxième pièce étanche était remplie d'eau mais que "la stabilité du navire n'était pas en danger". Le commandant "était très calme et disait que la situation était sous contrôle", selon Costa Croisière.
L’entreprise dit avoir été trompée par son employé
Lorsqu’à 22 heures 33, le capitaine Schettino a indiqué que le navire devait être abandonné, "Ferrarini a déclaré avoir été surpris par la décision d'abandonner le navire. Il a dit que la conversation précédente ne lui avait pas permis de comprendre que la situation était devenue aussi grave".
Quant à la manœuvre qui a provoqué le naufrage, une sorte de salut le long de la côte, le patron de Costa Croisière a assuré qu’il "n'avait pas été autorisé". Une affirmation démentie par le capitaine lui-même, qui a déclaré qu'il se serait approché des côtes à la demande pressante d'un responsable non identifié de Costa Croisières.
Le quotidien italien La Repubblica a d'ailleurs publié mercredi la retranscription d'une conversation du capitaine, alors déjà mis sur écoute, avec un interlocuteur non identifié. "J'y suis allé (...) pour faire plaisir au manager", a-t-il confié le lendemain du drame à un ami, avant d'ajouter qu'une "autre personne n'aurait pas été aussi bienveillante et ne serait pas allée là-bas, parce qu'ils m'ont cassé les c..., va ici, va là, passe ici, passe là".