Les mains qui tremblent et le chagrin qui resurgit. La justice n'effacera pas tout pour Anne. Quelques heures après que le verdict de 16 ans de prison a été prononcé à l'encontre du capitaine du Costa Concordia par la Cour, Anne reste amère. Contactée par Europe 1, cette victime du naufrage du paquebot qui avait fait 32 morts en 2012, présente au procès, évoque ces minutes difficiles qui l'ont ramenée trois ans en arrière. "Vous êtes debout devant la cour, vous avez les mains qui tremblent, c'est tout ce chagrin, tout ce que j'ai vécu à l'époque, accompagnée de mon père, de ma mère, de ma sœur, qui resurgit".
"Une violence extrême". Elle ajoute, émue : "A ce moment-là, les images reviennent en tête, comme une victime devant son agresseur. Vous ne pouvez pas imaginer le désastre que représente le fait de se voir mourir pendant des heures. C'est d'une violence extrême", se remémore-t-elle au micro d'Europe 1.
"Un lâche". Quand on lui parle du capitaine du Costa Concordia, absent lors du verdict, Anne ne mâche pas ses mots : "Il a été lâche il y a trois ans et un mois, lâche et menteur. Il nous a abandonné sur le bateau, là c'est pareil, c'est un lâche, un lâche. Vous savez, lui il est libre, alors que les familles elles, elles ont pris perpète."
"Un coup de poignard dans le cœur". Même amertume mêlée de tristesse pour ce père de famille qui a perdu ses enfants lors du naufrage du navire. Pour lui, ce procès et ce verdict plutôt avantageux pour le capitaine Schettino s'apparente à "un coup de poignard dans le cœur". Ramené trois ans en arrière, l'homme "ne s'attendait pas à ça mais plutôt à un minimum de 20 ans". "Je pense à mes enfants qui n'ont pas demandé à partir, il ne se rend pas compte du mal qu'il a pu faire", conclut-il, très touché.
Chez Monique en revanche, c'est le soulagement qui prédomine. Rescapée du Costa Concordia, elle pensait "qu'il allait tout faire pour passer à travers". "Il", c'est Francesco Schettino, l'ancien commandant du navire, qui a été condamné mercredi à 16 ans de prison pour abandon du paquebot.
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"Satisfaite" mais des regrets. Si Monique se dit "satisfaite qu'il ait été condamné", elle exprime néanmoins des regrets sur la peine prononcée : "j'aurais préféré qu'il soit condamné beaucoup plus sévèrement parce que je le pense tout à fait responsable du naufrage proprement dit".
La rescapée est aussi en colère concernant le déroulé des événements. "Pendant deux heures, on nous a raconté dans les hauts-parleurs du bateau que tout était sous contrôle, qu'il n'y avait absolument rien de dramatique, que c'était une panne", a-t-elle raconté. Elle reproche aussi de n'avoir "vu aucun personnel de commandement pendant ce laps de temps". Les seuls qui les ont aidés, "ce sont les petits serveurs, les gens qui s'occupaient des cabines mais en aucun cas des officiers ou des marins".
"On ne savait pas que l'on était au bord de l'île". Mais ce qui blesse sans aucun doute le plus Monique c'est que le commandant du navire ne les a pas prévenus qu'ils étaient au bord d'une île. La rescapée se trouvait, en effet, du côté mer du paquebot. "Nous, on ne savait pas mais lui le savait automatiquement", conclut-elle.