Un hélicoptère pour échapper au naufrage. "Le capitaine sombre avec son navire", voilà un beau principe, suivi par de nombreux capitaines dévoués. Dont Francesco Schettino, l'ancien commandant du Costa Concordia, ne fait pas partie, du moins à entendre les révélations de sa maîtresse de l'époque parues dans le journal italien Oggi (en italien).
Dans les colonnes du journal people, la moldave Dominica Cemortan raconte une version du naufrage du paquebot peu flatteuse pour son capitaine. Et pour cause, Schettino serait monté sur le pont numéro onze avec son amante et le maître d'hôtel dans l'espoir qu'un hélicoptère vienne les sauver. L'officier de la marine ne nie pas être allé à cet endroit du navire, mais a toujours affirmé s'être rendu là pour inspecter le côté droit du bateau. Selon Dominica Cemortan, Schettino aurait abandonné ce projet, ne voyant rien venir après vingt minutes d'attente.
Un ultimatum lancé sur Facebook. Ces révélations qui étayent la piste de l'irresponsabilité du capitaine s'avèrent troublantes à bien des égards. D'abord parce que Dominica Cemortan n'a rien révélé lors des audiences du procès qui s'est rouvert le 22 septembre dernier. Ensuite parce que la jeune femme, actuellement en train d'écrire un livre détaillant la soirée du naufrage, explique avoir compris que son amant attendait un hélicoptère même si elle ne l'a pas entendu expressément parler d'hélicoptère. Dernier élément notable pour comprendre le contexte dans lequel le public - et la justice - découvrent ces nouveaux éléments, l'ex de Francesco Schettino avait posté sur son compte Facebook le 23 septembre dernier, soit le lendemain de la reprise du procès, un message en forme d'ultimatum à l'adresse du commandant du Costa Concordia. "Je te donne une semaine pour dire la vérité à propos de ce qui s'est passé immédiatement après que tu aies ordonné d'abandonner le navire. Une semaine, pas plus."
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L'abandon de navire déjà établi. La question est bien d'établir le degré de responsabilité du capitaine dans ce naufrage, survenu le 13 janvier 2012, qui a coûté la vie à 32 passagers. Francesco Schettino a déjà reconnu son "imprudence", et il a déjà été établi qu'il avait quitté le navire vers minuit, bien avant l'évacuation des derniers passagers, qui s'est achevée vers six heures du matin. Cependant, il reste à déterminer si Francesco Schettino doit bel et bien endosser l'entière responsabilité de la catastrophe. Le commandant et la compagnie qui affrétait le navire s'accusent mutuellement de négligence. L'enquête a rapidement établi que la boîte noire du navire ne fonctionnait pas au moment des faits, alors que dans cette situation, le droit maritime interdit à un bateau de prendre la mer.
Quel degré de responsabilité du capitaine ? De la compagnie ? De plus, juste avant le naufrage, le Costa Concordia s'est lancé dans une manœuvre délicate pour approcher les côtes de l'île du Giglio et offrir une belle vue aux touristes. Selon les écoutes de la police italienne, le capitaine se serait lancé dans cette dangereuse opération sous la pression d'un responsable de la compagnie. Enfin, Costa est soupçonnée d'une autre négligence : l'équipage employé à bord du Concordia était composé de marins ne parlant pas tous italien, ce qui a rendu la coordination difficile. La compagnie a été condamnée à un million d'euros d'amende par la justice transalpine au terme d'une âpre négociation.