La force française Licorne, déployée en Côte d'Ivoire, est appelée à l'aide par plusieurs ambassades d'Abidjan, prises au piège des combats entre les forces d'Alassane Ouattara et de Laurent Gbagbo. Après l'exfiltration dans la nuit de l'ambassadeur du Japon, c'est au tour d'Israël et de l'Inde de demander préventivement l'aide de la France.
"Nous faisons l'objet de nombreuses demandes", a confirmé jeudi Alain Juppé devant les commissions de la Défense et des Affaires étrangères du Sénat. "J'avais encore il y a quelques instants au bout du fil le ministre des Affaires étrangères d'Israël qui me demandait le concours de Licorne pour exfiltrer ses diplomates", a-t-il ajouté.
Toutes les chancelleries sont situées à Cocody, quartier résidentiel d'Abidjan où se trouve également la résidence de Laurent Gbagbo. Depuis l'assaut lancé mercredi par les pro-Ouattara, les ambassades se retrouvent donc au coeur de la bataille d'Abidjan.
La résidence de l'ambassadeur français, qui se trouve à 200 mètres de celle de Laurent Gbagbo, a même été visée dans la nuit de mercredi à jeudi. Deux véhicules armés venant de la résidence de l'ancien président Gbagbo ont tenté d'y pénétrer avant d'être détruits par les hélicoptères de Licorne.
L'ambassadeur du Japon en première ligne
Mais c'est sur l'ambassade du Japon que les efforts français se sont concentrés. L'ambassadeur du Japon s'est retrouvé en première ligne et a vu débouler dans son jardin des soldats de Gbagbo venus défendre leur chef. Retenu contre son gré avec sept de ses collaborateurs, retranché derrière une porte blindée, l'ambassadeur a appelé au secours les forces françaises. Sa résidence avait été entièrement pillée et des tirs à l'arme lourde s'effectuaient depuis sa terrasse.
Au cours de cette opération de sauvetage, les forces françaises ont d'ailleurs dû ouvrir le feu sur les pro-Gbagbo. "Nos hommes ont été pris à partie, et dans le cadre de la légitime défense, ils ont riposté en direction d'un véhicule blindé et de deux mitrailleuses lourdes qui avaient ouvert le feu", explique un porte-parole de l'Etat-major au micro d'Europe 1.
Très choqué jeudi matin, l'ambassadeur du Japon a remercié la France. Il se trouve actuellement au camp militaire de la Force Licorne à Port-Bouët, à proximité de l'aéroport d'Abidjan.
Une opération en "moins d'une heure" :
Des civils secourus aussi
Outre les diplomates, la France a aussi porté secours à de nombreux civils pris au piège des combats, notamment dans le quartier de Cocody. "L'armée française avait donné un numéro d'urgence, on a appelé", témoigne un Libanais, qui a souhaité rester anonyme. "Après quelque temps, les militaires sont venus nous chercher. On était plusieurs personnes : Libanais, Français, mélangés. Si les Français n'étaient pas venus nous chercher, ç'aurait été la catastrophe", conclut-il.