Amnesty international s'émeut de la montée des groupes armés dans le monde, dans son rapport 2015 publié mercredi. L'ONG estime également que jamais le monde n'avait connu une telle crise des réfugiés, avec notamment quatre millions de Syriens qui ont fui la guerre civile dans leur pays. Mais malgré ces 500 pages inquiétantes, Amnesty International tient à pointer certaines améliorations.
Un traité sur le commerce des armes. Après plus de 20 ans de bataille acharnée, l'ONG salue l'entrée en vigueur d'un Traité sur le commerce des armes, qu'Amnesty international a largement contribué à faire adopter à l'ONU. 130 pays ont signé ce texte qui doit permettre de réguler les ventes et achats d'armes dans le monde. En ratifiant ce traité, les pays s'engagent à une plus grande transparence. Un pas en avant important pour lutter contre le trafic d'armes. Les pays signataires s'engagent à ne pas transférer d'armes vers les zones où il existe un risque important de génocides ou encore de crimes contre l'humanité. Petit bémol cependant, seuls 62 pays ont ratifié le texte.
Les méthodes de la CIA dénoncées. Le Sénat américain a permis de lever une bonne fois pour toute le voile sur les méthodes qui avaient cours dans les prisons secrètes de la CIA. Dans son rapport, la Commission spéciale qui avait été nommée aux Etats-Unis a précisé "l'ampleur de la complicité de certains pays européens", se félicite Amnesty International. Des chancelleries européennes sont désignées comme ayant aidé le gouvernement américain à commettre de la torture ou encore à organiser des disparitions forcées. Ce rapport soulignait surtout l'inefficacité de la torture pour prévenir des actes terroristes.
La Palestine s'ouvre à la Cour pénale internationale. Le conflit dure depuis plus de 60 ans entre Israël et la Palestine mais la justice internationale n'avait jusque-là aucune arme pour lutter contre les atrocités commises par les deux camps. En janvier 2015, la Palestine a adhéré au Statut de Rome, permettant à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye de se pencher sur le conflit au Proche-Orient. Amnesty international espère qu'une "enquête de la CPI devrait permettre de rompre le cycle infernal de l'impunité, responsable de la succession de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité perpétrés par les deux parties".
Le viol mieux puni dans plusieurs pays. Au Maroc, les violeurs de mineures ne pourront plus échapper à la justice en épousant leur victime. En janvier 2014, le parlement marocain a mis fin à l'unanimité à une faille du système judiciaire qui permettant aux hommes ayant eu des relations sexuelles avec des filles de moins de 18 ans de ne pas être poursuivis. Au Mozambique également, le gouvernement a renoncé à faire passer une loi qui permettrait une impunité similaire.
Le plus grand accident industriel de l'histoire réexaminé. 30 ans après la catastrophe, les Indiens de la ville de Bhopal attendent toujours d'être indemnisés. En 1984, l'usine de pesticides d'Union Carbide a explosé tuant plusieurs milliers de personnes. L'entreprise a toujours refusé de reconnaître ses torts et New Dehli n'a jamais poussé pour améliorer le sort des survivants. Mais au mois de novembre, les 500.000 personnes contaminées ont vu l'espoir renaître. Le gouvernement indien a accepté de réexaminer une demande de dédommagement de plusieurs millions de dollars adressée à l'entreprise responsable.
Une catastrophe environnementale punie au Nigeria. Il aura fallu six ans pour que les Nigerians soient dédommagés. Le delta du Niger avait à l'époque été gravement pollué par deux marées noires. Une catastrophe écologique qui avait privé des milliers de personnes de la région de Bodo de leur travail ou de leurs champs. Amnesty a estimé la fuite de pétrole à 100.000 barils qui ont souillé le sol et l'eau. L'entreprise pétrolière Shell a été poursuivie au Royaume-Uni et condamnée en 2014 à verser 55 millions de livres (75 millions d'euros) de dédommagement. La communauté Bodo, qui vit principalement de la pêche et de l'agriculture, touchera 25 millions d'euros.
Les criminels Khmers rouges condamnés. Ils ont été reconnus coupables de crimes contre l'humanité. Deux dirigeants khmers rouges ont été condamnés à la prison à perpétuité en 2014, pour la mort de 1,7 million de Cambodgiens à l'époque du régime communiste dans les années 70. Un tribunal cogéré par l'Etat cambodgien et les Nations unies a donc décidé de l'emprisonnement de Khieu Samphan, ancien chef de l'Etat, et Nuan Chea, ancien numéro deux de Pol Pot. Les rôles des deux hommes allait de l'endoctrinement de nouvelles recrues à l'organisation des châtiments pour les plus réticents.
Les crimes congolais devant la Cour pénale internationale. A La Haye, les exactions commises en République démocratique du Congo ont occupé les magistrats de la Cour pénale internationale (CPI). En mai, Germain Katanga a été reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Surnommé Simba, il a notamment été condamné pour une attaque sur l'hôpital de Nyakunde en 2002, dans laquelle sont morts 1.200 civils. Cette même année, la CPI a rejeté l'appel de Thomas Lubanga, un des premiers à avoir été condamné par la justice internationale pour crimes de guerre. Il avait notamment été jugé pour l'enrôlement d'enfants-soldats dans le conflit congolais.
Des prisonniers cubains libérés. A la faveur d'une détente historique des relations entre Cuba et les Etats-Unis, 53 prisonniers politiques ont été libérés à Cuba. Le réchauffement entre les deux ennemis historiques laisse entrevoir une possible amélioration pour les libertés individuelles sur l'île. Les conditions de voyage pour les Cubains ont également été assouplies en 2014.
Davantage de droits pour les homosexuels. Amnesty international se félicite enfin qu'un "nombre croissant de pays ont accordé l'égalité des droits aux couples du même sexe". En novembre 2014, vingt pays autorisaient les couples homosexuels à se marier. Le Luxembourg et le Royaume-Uni ont notamment fait passer des lois dans ce sens en 2014. L'ONG salue également le déroulement de la Gay Pride à Belgrade, au mois de septembre. Cette marche des fiertés LGBT (Lesbien, gay, bisexuel et transexuel) se passe généralement dans un contexte très tendu et donne souvent lieu à des débordements de haine dans la capitale serbe.
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