L'info. Le mouvement n'aura duré que deux jours. Les personnels de santé libériens étaient appelés à la grève lundi pour obtenir le versement des rémunérations promises en raison de l'épidémie d’Ebola, qui frappe durement les soignants. Face à l'épidémie, les soignants ont enregistré 201 contaminations au Liberia, où 95 en sont morts (un peu moins de 5% du total), selon le dernier bilan de l'OMS. Ils ont finalement mis un terme au mouvement social mardi soir. "Nous avons reçu des appels de partout dans le monde nous demandant de mettre fin à la grève", a déclaré à l'AFP George Williams, le secrétaire général du syndicat. "Les leaders religieux, politiques et sociaux, les Libériens de la diaspora, ainsi que la communauté internationale nous ont demandé de penser à nos frères et soeurs malades. Nous les avons écoutés", a-t-il dit.
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Patients délaissés. Au Liberia, le mouvement de protestation, amorcé la semaine dernière par une grève perlée à la clinique Island de Monrovia, débordée dès son ouverture le 21 septembre, semblait plutôt suivi dans la capitale. "Personne ne s'occupe de nous", a témoigné un patient de cette clinique sur une radio locale. "La nuit dernière, plusieurs malades sont morts. Ceux qui peuvent marcher veulent s'échapper en escaladant la barrière", a-t-il ajouté. "Les personnels de santé à travers le pays ont rendu leur tablier comme nous leur avons demandé de le faire", a déclaré le président du syndicat du secteur, Joseph Tamba, expliquant que les revendications portaient notamment sur la titularisation d'employés sans contrat.
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Salaires inférieurs aux montants promis. Si la présidente Ellen Johnson Sirleaf "nous dit simplement: Il n'y a pas d'argent pour vous, nous en discuterons. Nous ne souhaitons pas une confrontation avec elle", a-t-il assuré, accusant le gouvernement de traiter les grévistes "en ennemis". Dans le cas de la clinique Island, administrée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le mouvement a été déclenché par le versement de salaires inférieurs d'un tiers à la moitié aux montants prévus, a indiqué le syndicaliste. Au-delà des salaires, infirmiers, médecins et ramasseurs de corps doivent faire face à un afflux de malade, mais aussi à des relations parfois compliquées avec les familles des malades.
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Au Libéria, Ebola prive les familles de deuilpar Europe1frLes systèmes de santé "s'effondrent" face à Ebola, selon l'OMS. Face à l'ampleur de la tâche, le chef de la Mission des Nations unies pour la lutte contre Ebola (UNMEER), Anthony Banbury a appelé à "l'aide de plus de pays, de leurs militaires, de leurs civils, de leurs personnels de santé". La directrice de l'OMS Margaret Chan a confié n'avoir "jamais vu une crise de santé menacer la survie même de sociétés et de gouvernements dans des pays déjà très pauvres", selon un discours prononcé en son nom par un responsable de l'organisation. "Cette épidémie montre comment l'un des pathogènes les plus meurtriers au monde peut exploiter la moindre faiblesse du système de santé" en Afrique subsaharienne, en mal d'effectifs et de structures adaptées, a-t-elle dit, avertissant qu'"on ne peut pas réhabiliter ces systèmes pendant une crise. Au lieu de cela, ils s'effondrent".L'OMS a également précisé que le taux de mortalité de la maladie pouvait atteindre jusqu'à 70%.
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