L'armée égyptienne, à qui le président Hosni Moubarak a confié les affaires du pays avant de démissionner, a désormais un double défi à relever : restaurer la stabilité dans le pays tout en répondant aux aspirations de changement démocratique du peuple égyptien.
Vers une levée de l'état d'urgence ?
Elle entend jouer son rôle dans les semaines à venir mais se défend de vouloir prendre le pouvoir. L'armée "assure qu'elle ne sera pas une alternative à la légitimité voulue par le peuple", indique dans un communiqué le conseil suprême des forces armées.
Se déclarant garante du bon déroulement d'élections "libres et transparentes", l’armée s'est aussi dite prête à lever l'état d'urgence, en vigueur depuis 30 ans, "aussitôt que les circonstances actuelles" le permettront", répondant ainsi à une demande des manifestants antigouvernementaux.
En donnant des garanties aux manifestants, les militaires espèrent un retour au calme dans le pays. Le Conseil suprême des forces armées a appelé les manifestants à quitter les rues et à mettre un terme aux rassemblements qui durent depuis le 25 janvier.
L'armée a fait preuve d'attentisme
Mais tout au long de la crise égyptienne, le rôle de l'armée égyptienne est resté flou. Faisant preuve d'un certain attentisme, elle a assuré ne pas vouloir user de la force contre les manifestants, mais ne s'est pas opposée aux attaques contre eux. Loyale à un régime dont elle constitue l'épine dorsale, elle est aussi respectée par la population. Cet héritage qui tient à une tradition de non-intervention face aux émeutes populaires et au souvenir des guerres israélo-arabes.
L'armée est par ailleurs consciente de son importance : elle a donné au pays tous ses présidents -Mohamed Naguib, Gamal Abdel Nasser, Anouar al-Sadate et Hosni Moubarak- depuis le renversement de la monarchie en 1952. De son attitude dans les jours qui viennent pourraient donc dépendre l’avenir de l’Egypte.