Alors que la contestation tunisienne semble faire tache d’huile en Egypte, Mohamed ElBaradei est arrivé jeudi soir dans son pays, attendu comme le Messie. A 68 ans, cet ancien diplomate a réussi à s’imposer comme figure principale de l’opposition au régime du président Hosni Moubarak.
En février 2010, il se lance, avec succès, dans une campagne de terrain en vue de la présidentielle de septembre prochain. Une campagne qui démarre sur les chapeaux de roue avec son retour triomphal en Egypte. Celui qui a quitté fin 2009 ses fonctions de chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est ovationné par des centaines de sympathisants, à l’aéroport du Caire. "Si le moyen d'aboutir au changement est de me présenter, je ne vous décevrai pas", a-t-il lancé à ses supporters.
La campagne de Mohamed El Baradei, en vidéo :
Il faut dire que cet Egyptien de souche, à l’aura internationale, insuffle un vent d’espoir au pays, sous le joug d’Hosni Moubarak. Il est parvenu très vite à fédérer l’opposition autour d’un projet de réformes démocratiques, gagnant particulièrement la sympathie des jeunes et des classes moyennes.
Hors des partis d'opposition reconnus, il fonde un mouvement, l'Association nationale pour le changement, lié avec d'autres organisations pro-démocratie, aujourd'hui à la pointe de la contestation anti-Moubarak.
Une popularité grandissante et envahissante
Preuve de sa popularité grandissante, la campagne de dénigrement orchestrée par le pouvoir égyptien en place, qui tente de le présenter comme un agent de l’étranger, déconnecté de la réalité du pays. Dans la presse, sont étalées des photos de sa fille Laïla en maillot de bain, et des clichés du mariage de cette dernière, où les invités boivent du vin. Le but est clair : détourner de lui les musulmans conservateurs, comme les Frères musulmans, qui soutiennent ses projets de révision constitutionnelle.
Mais la personnalité internationale de Mohamed ElBaradei peut également représenter un atout dans sa conquête de l’opinion. Docteur en droit international et diplomate, il a participé aux négociations fructueuses de camp David.
Il entame en 1980 sa carrière à l’ONU, avant de prendre en 1997 la tête de l’AIEA. Un poste qui le place au statut d’adversaire des Etats-Unis, ce qui rehausse sa popularité dans les pays arabes. Avant l’invasion américaine en Irak notamment, il met en doute le supposé programme nucléaire secret de Saddam Hussein. Enfin, il est le deuxième Egyptien à avoir obtenu, en 2005, le prix Nobel de la Paix. Un parcours sans faute, pour le moment, qui lui confère presque un statut d’icône.