L'INTERVIEW. Alors que la France se prépare à célébrer l'armistice de la Première Guerre mondiale, ce 11 novembre, l'historien allemand Arndt Weinrich est notre invité. Il nous explique comment cette date si particulière en France est vécue de l'autre côté du Rhin. Près de 2,5 millions d'Allemands et un peu plus d'1,5 million de Français ont perdu la vie dans un des conflits les plus sanglants de l'Histoire entre 1914 et 1918. Pourtant, le 11-Novembre "ne représente strictement rien" en Allemagne, livre l'historien.
Les soldats hors de la mémoire allemande. Ce jour "n'est pas ancré dans la mémoire allemande" et les Allemands ne gardent pas en mémoire le 11 novembre 1918, quand le Reich de Guillaume II a perdu la guerre. Contrairement à la France, "ces morts n'ont pas de rôle dans la culture politique" du pays. "On ne commémore pas ces soldats", déclare l'historien, qui précisent que ces morts militaires "sont un peu considérés comme des victimes illégitimes, du fait de la prépondérance de la mémoire de la Shoah" dans la culture mémorielle allemande, qui laisse "peu de place" aux soldats.
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La République de Weimar. "Ce qui est plus important, c'est la proclamation de la République [allemande] plutôt que la défaite en tant que telle", nuance Arndt Weinrich. Le 9 novembre de la même année, deux jours avant la fin de la guerre, naît la République de Weimar. L'historien rappelle qu'en Allemagne, une "révolution est partie des villes portuaires de la mer du Nord et de la Baltique". Elle "va déferler à travers l'Allemagne et emporter le Kaiserreich (l'empire allemand, ndlr.)".
Le 9, et non le 11 novembre. C'est donc plutôt le 9 novembre qui va cristalliser les commémorations Outre-Rhin. "C'est une date passionnante", estime Arndt Weinrich, qui énumère les événements historiques : "l'abdication de Guillaume II, la proclamation de la République de Weimar (la même année, ndlr.), puis le putsch de la Brasserie (en 1923, quand Hitler tente une première fois de prendre le pouvoir, ndlr.) et dans l'histoire plus récente, la chute du mur de Berlin", dont on a fêté cette année les 25 ans.
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Arndt Weinrich : la culpabilité "imprègne la...par Europe1fr