Les autorités craignaient le moindre débordement et avaient pris le soin d’encadrer toute la cérémonie d’enterrement d’Eugène Terre'Blanche. Le leader d'extrême droite et farouche partisan de l'apartheid a été enterré vendredi matin lors de funérailles qui ont rassemblé des milliers de fermiers blancs autour du temple réformé de Ventersdorp, au nord-ouest de l'Afrique du Sud.
Battu à mort samedi par deux de ses ouvriers agricoles noirs, sa disparition a fait resurgir les tensions raciales sous-jacentes dans les zones rurales, où persistent les inégalités 16 ans après la chute de l'apartheid.
Un afrikaner militant
"Le monde était contre lui", a déclaré durant la cérémonie le pasteur Ferdie Devenier, s'exprimant en afrikaans, la langue de l'Eglise réformée et des descendants des premiers colons européens. "Les gens ne voyaient que ce qu'il y avait de mauvais en lui", a-t-il continué devant plusieurs milliers de personnes.
Au pied du pasteur, le cercueil avait été revêtu du drapeau du Mouvement de résistance afrikaner (AWB) aux couleurs très proches de celles du parti nazi: une croix noire rappelant la swastika, dans un cercle blanc sur fond rouge. Eugène Terre'Blanche a ensuite été enterré sur sa ferme, la procession ayant évité le centre-ville.
Les autorités tentent de normaliser ce meurtre
Le chef de la police nationale a tenté d’extraire ce meurtre du débat racial en rappelant que le pays souffre d’un problème général de criminalité : "L'année dernière, nous avons perdu beaucoup de gens en Afrique du Sud. Nous avons perdu 188.000 personnes. Nous ne regardons pas si elles sont blanches ou noires".
Le responsable de l'AWB a répondu en appelant les fermiers blancs à s'armer pour se défendre contre "la tuerie des Blancs par les Noirs en Afrique du Sud." Une bannière devant l'église dénonçait même un "génocide".
Accusant les Noirs de vouloir "jeter les Blancs hors du pays", Jan Pewet, un militant en treillis décoré d'un aigle nazi, assurait : "s'ils veulent la guerre, ils auront la guerre". La mort d’Eugène Terre'Blanche ouvre un nouveau boulevard à l’extrême-droite sud-africaine, une tendance dont le pays se passerait bien à quelques semaines de la Coupe du monde de football.