Il est le dernier prisonnier de Tiananmen

Miao Deshun serait le dernier prisonnier de Tiananmen.
Miao Deshun serait le dernier prisonnier de Tiananmen. © REUTERS
  • Copié
, modifié à
PORTRAIT - Miao Deshun, arrêté à Pékin lors des événements de 1989, croupirait toujours en prison.

Pour les 25 ans du "Printemps de Pékin", le cœur de la capitale chinoise a été verrouillé. Pendant que des policiers, militaires, gardes municipaux et fonctionnaires en civil arpentent l’immense place Tiananmen, théâtre de l’écrasement sanglant de la révolte de 1989, un homme, Miao Deshun, croupit toujours en prison. D’après la BBC et le Daily Telegraph, il serait le dernier prisonnier de Tiananmen encore détenu.

Condamné pour "incendie criminel". En 1989, Miao Deshun avait 25 ans. Ouvrier dans une usine de Pékin, le jeune homme a été jugé pour avoir lancé un objet sur un tank en feu lors des manifestations de Tiananmen. Pour cet acte en apparence plutôt anodin, il est condamné pour "incendie criminel" et écope de la peine de mort, qui sera suspendue et commuée en prison à vie quelques années plus tard. Beaucoup d'autres ont été condamnés en même temps que lui. Depuis, ils ont été libérés ou sont morts.

Tiananmen

© Reuters

Les autorités chinoises ne livrent aucune information sur Miao Deshun, qui est peut-être mort lui aussi. Pour l'organisation Dui Ha, basée aux Etats-Unis, l'homme serait toutefois encore en vie et serait bien le dernier prisonnier connu de Tiananmen encore en prison.

Un homme "calme" et "déprimé". On ne dispose d'aucune photo de ce quinquagénaire qui aurait donc passé la moitié de sa vie derrière les barreaux. Mais des témoignages d'anciens prisonniers, interrogés par la BBC, permettent d'en savoir un peu plus sur sa personnalité. L'un de ses codétenus se souvient ainsi un homme "calme", "souvent très déprimé". "J’étais enchaîné mais pas lui. Il disait que les gardiens pensaient probablement qu’il était trop maigre pour porter des chaînes aux pieds. Il n’aurait alors pas été capable de marcher", explique-t-il. D'après The Daily Telegraph, Miao Deshun aurait aussi des problèmes de santé.

Tiananmen

© Reuters

Contrairement à d'autres, en prison, Miao Deshun aurait en outre toujours refusé de signer les lettres de regret pour sa participation aux événements de Tiananmen. L’homme aurait aussi refusé de participer aux travaux de la prison, préférant lire le journal dans sa cellule. Cette attitude explique peut-être pourquoi il n'a pas bénéficié, comme d'autres, d'une remise de peine.

"Il a refusé de suivre les règles". Un autre ancien prisonnier, qui vit aujourd'hui en Australie, estime que s'il est "le dernier prisonnier", c'est parce qu'il n'a "jamais admis qu’il avait tort, il a refusé de suivre les règles et refusé de participer au travail de rééducation". Autre hypothèse : s’il a écopé d’une sentence aussi lourde, c’est peut-être aussi parce qu’il ne bénéficiait pas, comme d’autres, d’appuis haut placés.

Au début des années 1990, Miao Deshun recevait encore des visites de sa famille, avant de dire à ses proches de cesser de faire le voyage pour venir le voir. D'après l'organisation Dui Ha, le prisonnier aurait été transféré en 2003 à la prison de Yanqing, un établissement pénitentiaire pour les détenus âgés ou malades. S'il est encore vivant, il ne pourra pas être libéré avant le 15 septembre 2018.

sur-le-meme-sujet-sujet_scalewidth_460_scalewidth_460-1_scalewidth_460

ARCHIVES - Des soldats riaient en tirant sur la foule

EVENEMENT - Le rockeur de Tiananmen au Nouvel an télévisé

ATTENTAT - Une voiture piégée explose place Tiananmen