Etats, multinationales : même combat. La NSA n’est pas la seule à déployer ses grandes oreilles de par le monde. Depuis qu’Alex Kibkalo, un ancien employé de Microsoft, a transmis à un blogeur des documents secrets appartenant au géant américain de l’informatique, la multinationale est dans le viseur des défenseurs de la vie privée. Au fil de cette documentation, le lecteur découvre en effet comment l’entreprise créée par Bill Gates organise la lecture méthodique des messages échangés par les utilisateurs de sa messagerie. C’est d’ailleurs par ce biais que Microsoft a pu identifier l’origine de la fuite.
Législation polémique. Le New-York Times a enquêté sur le sujet, et s’il apparaît, selon les journalistes du quotidien américain, que Microsoft est resté dans la légalité par rapport à sa politique de confidentialité et à l’Electronic Communications Privacy Act (ECPA), la lecture des messages des comptes des usagers soulève la question de la protection de la vie privée. En effet, l’ECPA date de 1986. Malgré plusieurs amendements censés mettre à jour la législation sur le sujet (dont le très critiqué Patriot Act de 2001), il fait toujours débat. Notamment parce qu’il permet au fournisseur de messagerie de lire les communications de ses clients s’il le juge nécessaire pour protéger ses droits de propriété.
Communication de crise chez Microsoft. John E. Frank, un des vice-présidents de l’entreprise, a annoncé qu’à l’avenir, si la compagnie avait la preuve d’un délit à l’encontre de Microsoft, elle devrait d’abord la soumettre à un juge qui serait le seul habilité à autoriser la recherche de données privées. Ce qui n’est pas le cas pour l’instant. Une manière de rassurer les usagers après cette interception polémique : "la vie privée de nos clients est très importante à nos yeux, et bien que nous soyons convaincus que nos actions dans ce cas particulier (du blogueur) étaient pertinentes, nous voulons clarifier notre attitude pour les potentiels cas futurs", a expliqué John. E. Frank.
Réactions outragées. Pas de quoi rassurer les acteurs de la société civile comme Edward Wasserman, doyen de l’école de journalisme de Berkeley. "Je n’ai jamais vu ça", a-t-il confié aux journalistes du New York Times. "Microsoft a tout simplement décidé que dans son propre intérêt, il pouvait s’immiscer dans la boîte mail de n’importe qui."
FORCE DE FRAPPE - La NSA peut écouter un pays entier
DIPLOMATIE - Plus de 300 responsables allemands espionnés par la NSA
MALWARE - La NSA répand des logiciels malveillants à échelle industrielle