Le 5 janvier dernier, une poignée d’hommes armés a attaqué la frontière entre l’Irak et l’Arabie saoudite. Bilan : trois gardes-frontières tués, ainsi que quatre "terroristes". Cette attaque non revendiquée mais meurtrière, premier assaut direct contre la frontière irako-saoudienne, a eu pour effet d’intensifier encore la construction d’un projet pharaonique, selon L’Obs : une "grande muraille" pour séparer l’Arabie saoudite du chaos dans lequel est plongé son voisin irakien. Explications.
Un "mur" de 1.000 kilomètres. Tout commence en 2006, quand la proposition est mise sur la table, alors que l’Irak a sombré dans la guerre civile, raconte The Telegraph. Ce n’est qu’en septembre dernier que la construction de cette immense clôture débute. A ce moment, l’organisation Etat islamique (EI) a déjà gagné beaucoup de terrain en Irak et menace directement la frontière avec l’Arabie saoudite. Or, le royaume sait bien qu’il représente un objectif de choix pour le groupe djihadiste, qui lorgne notamment ses "deux mosquées saintes" de la Mecque et Médine.
En septembre, la première phase du projet est inaugurée. Les chiffres donnent le tournis : ce "mur" doit s’étendre sur toute la frontière, soit près de 1.000 kilomètres, entre les filles de Turaif, près de la Jordanie, et Hafar al-Batin, près du Koweït. Le projet saoudien en rappelle d’autres : celui du "mur" construit par Israël en Cisjordanie, qui doit atteindre à terme environ 712 kilomètres, dont environ deux tiers sont achevés. Avec ses 965 kilomètres de long, la "grande muraille" saoudienne sera donc plus longue. Mais elle demeure plus petite qu’une autre clôture controversée, celle qui sépare les Etats-Unis du Mexique, longue de 1.300 kilomètres.
>> LIRE AUSSI - L'Arabie saoudite "déradicalise" ses djihadistes
Radars, fossés et fils barbelés. Le "mur" saoudien comprend des fossés creusés dans le sable, pour ralentir d’éventuels assaillants, et cinq épaisseurs de clôture munies de fils barbelés et équipées pour certaines de lames de rasoir. Le tout est aussi équipé des technologies dernier cri. Tout le long de cette "grand muraille" sont disposés quarante miradors, chacun équipé de caméras à vision nocturne et de radars capables de détecter un hélicoptère volant à basse altitude à plus de 35 kilomètres ou un être humain à environ 20 kilomètres.
Saudi Arabia plans to build 600-mile wall to defend territory from ISIS http://t.co/PFwL9Grg0Apic.twitter.com/Om4wwIMjKp— Daily Mail Online (@MailOnline) January 16, 2015
La clôture géante comprend aussi 38 tours de communication séparées et des postes militaires. Sous terre, des détecteurs de mouvement ont été installés, ainsi que des milliers de mètres de câbles en fibre optique permettant des communications ultra-rapides. Sur terre, pas moins de 240 véhicules armés rapide, ainsi que des véhicules de surveillance suréquipés, peuvent patrouiller.
Avec cet immense projet, l’Arabie saoudite achève donc de se barricader. Le royaume n’en est en effet pas à son coup d’essai : en 2013, il avait déjà construit une autre barrière, longue de plus de 1.700 kilomètres, à sa frontière avec le Yémen.
>> LIRE AUSSI - En Arabie saoudite, les athées considérés comme de "potentiels terroristes"