Les saccages archéologiques n'en finissent plus en Irak. Les djihadistes du groupe Etat islamique se sont bien attaqués à un nouveau site antique, à Khorsabad, rasant certaines parties de cette ancienne capitale assyrienne vieille de 2.700 ans, ont confirmé mercredi les autorités irakiennes.
Depuis plusieurs jours, les autorités cherchaient à vérifier les informations faisant état de nouvelles destructions, dans la foulée des démolitions qu'ont subies d'autres cités antiques comme Ninive, Nimrud et Hatra. Mercredi, le directeur des antiquités irakiennes, Kaïs Rachid, et le ministre irakien du Tourisme et des Antiquités, Adel Chirchab, ont confirmé l'un et l'autre que le site de Khorsabad avait été la cible des djihadistes ces derniers jours. "Les murailles de la ville ont été rasées, tout comme certains éléments des temples, mais nous ignorons l'étendue exacte (des dégâts)", a dit Kaïs Rachid. "Ils pillent, et ensuite ils rasent".
Les images satellites tardent, selon l'Irak. Selon Kaïs Rachid, l'Irak a demandé, mais n'a pas encore reçu, des images satellites de Hatra et de Khorsabad, afin de pouvoir évaluer l'ampleur des dévastations. "Ils disent qu'ils s'efforcent d'obtenir des images. Comment ? Est-il difficile pour les Américains d'obtenir des images satellites ?", s'est-il interrogé.
Le site de l'actuelle Khorsabad comprend les vestiges de la cité assyrienne de Dur-Sharrukin, construite par Sargon II aux alentours de 710 avant Jésus Christ. D'énormes sculptures de taureaux androcéphales ailés ont été expédiés au XIXe siècle vers l'Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France, notamment au musée du Louvre. Mais à en croire Kaïs Rachid, ces grandes statues, qui pèsent chacune plusieurs tonnes, ne représentent qu'une fraction des trésors du site de Khorsabad. Selon lui, la province de Ninive, dans le nord de l'Irak, compte à elle seule 1.700 sites archéologiques sous le contrôle du groupe Etat islamique, ainsi que le troisième plus grand musée d'Irak, à Mossoul, où les djihadistes se sont déjà livrés à des destructions, comme l'a montré une vidéo diffusée voici deux semaines.
Un appel à l'aide internationale. "Nous demandons au monde entier, et en premier lieu à la coalition internationale, de déployer son potentiel, car chaque jour qui passe apporte son lot de nouvelles pertes", a dit le ministre du Tourisme et des Antiquités. L'Irak, a dit de son côté Kaïs Rachid, a besoin d'aide pour récupérer les objets archéologiques qui ont été pillés. "Il y a beaucoup d'objets volés, dans les salles de ventes aux Etats-Unis et en Europe. Le corps diplomatique peut jouer un rôle en aidant l'Irak à les récupérer", a-t-il plaidé.