Les affrontements ont repris à Alger vendredi entre manifestants et forces de l'ordre. Et de violents incidents ont éclaté à Annaba, dans l'est de l'Algérie. Pour tenter de canaliser ces groupes de jeunes qui dénoncent la cherté de la vie, le chômage, le mal-logement et le manque de perspectives qui leurs sont offertes, les forces de l'ordre se sont déployées dans les grandes artères d'Alger et aux abords de certaines mosquées pour la grande prière du vendredi. Les matches de football ont aussi été annulés à titre préventif.
Les manifestants sont parfois très jeunes. Ils se confrontent aux forces de l'ordre à coups de pierres, de gourdins et de cocktails molotov. Et le gouvernement algérien commence seulement à réagir. "La violence n'a jamais donné de résultats", a affirmé vendredi Hachemi Djiar, le ministre algérien de la Jeunesse et des Sports. Il a appelé les jeunes à "dialoguer de façon pacifique et civilisée, loin des actes de vandalisme qui ne mènent nulle part". Le ministre a également mis en garde contre toute "tentative de manipulation" des jeunes, qui "ne doivent pas faire l'objet, une seconde fois, de tromperies comme ce fut le cas durant la décennie noire" des violences armées islamistes. C'est la première réaction officielle depuis le début des émeutes.
Un Conseil interministériel samedi
Nombre de commerces ont baissé leurs rideaux, craignant d'éventuelles bandes de casseurs. Par peur de restrictions, les habitants tentent d'ores et déjà de s'approvisionner en pain, lait, huile et sucre. Malgré l'annonce de mesures gouvernementales d'urgences destinées à réduire les pénuries de denrées de premières nécessités, la tension reste palpable.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement a décidé de réunir samedi un Conseil interministériel. Objectif : examiner les moyens de juguler la flambée des prix des produits de base. Cette réunion sera consacrée essentiellement aux lois relatives à la concurrence et aux pratiques commerciales, en particulier la définition des marges bénéficiaires des produits de large consommation, a encore précisé le ministre, cité par l'agence Apt.
Les Français appelés à la prudence
De leurs côtés, des islamistes ont déjà tenté de récupérer le mouvement de protestation et s'en attribuent même la paternité. Cette stratégie rappelle celle employée au début des années 90. Le FIS, un parti salafiste mêlant islam radical et politique, avait ainsi profité d'"émeutes de la faim" à Alger pour rassembler un électorat révolté et peu éduqué.
Le Quai d'Orsay a quant à lui appelé les ressortissants français résidant ou voyageant en Algérie à observer des mesures de précaution. "Il convient donc d’adopter un comportement aussi peu ostentatoire que possible, de se tenir informé de la situation en ville et d’entourer ses déplacements, notamment dans les quartiers sensibles, de mesures de précaution et d’une attitude de vigilance", conseille ainsi le ministère des Affaires étrangères sur son site internet. "Le risque terroriste est contenu par le dispositif sécuritaire déployé, mais il reste nécessaire de faire preuve de prudence et de se garder ainsi également des risques de délinquance", ajoute le ministère.