Les rescapés de l'île norvégienne d'Utoya, où a eu lieu la fusillade durant laquelle 69 personnes ont trouvé la mort le 22 juillet, sont retournés samedi sur les lieux du drame.
"Je sais que ça va être une journée très lourde à vivre mais je sais aussi que cela permettra d'alléger mon fardeau à l'avenir", a confié Adrian Pracon, 21 ans, qui a survécu aux balles de l'extrémiste Anders Behring. "Cela va être le deuxième pire jour de ma vie", a-t-il écrit sur Twitter samedi matin.
Piégés sur ce petit bout de terre de 12 hectares, les rescapés n'avaient dû leur salut qu'à leur fuite à la nage, à une cachette judicieuse ou bien simplement à la chance.
Médecins, psychiatres, pasteurs et imams
750 personnes devaient être présentes pour cette première visite depuis le drame, organisée par la Sécurité civile norvégienne. Le Premier Ministre devrait participer à ce retour sur l'île d'Utoeya. Sur place, un important dispositif de soutien a été déployé avec médecins, psychiatres, pasteurs et imams, comme ce qui avait été déjà fait vendredi lors de la visite de quelque 500 proches des victimes.
Le jour de la fusillade, Behring Breivik était déguisé en policier. Il avait attiré les jeunes à lui, disant vouloir les informer de l'attentat à la bombe qu'il avait lui-même déclenché quelques instants plus tôt dans le quartier des ministères, faisant huit autres victimes. Armé d'un fusil semi-automatique et d'un pistolet, il avait alors ouvert le feu sur les adolescents, traquant ceux qui fuyaient et achevant les blessés, méthodiquement et calmement selon les témoignages, au cours d'une tuerie qui avait duré plus d'une heure.
"Il a pointé son arme sur moi"
Adrian Pracon dit avoir rencontré Behring Breivik à deux reprises au cours du massacre. La première fois, après qu'il eut renoncé à fuir à la nage : s'étant jeté à l'eau tout habillé, il avait rebroussé chemin en voyant qu'il n'arriverait pas à nager jusqu'aux rives du lac. "Quand je suis revenu sur la berge, il était là, à 5 ou 10 mètres de moi, en train de tirer sur ceux qui essayaient de s'enfuir en nageant. Il s'est retourné et a pointé son arme sur moi", a expliqué le jeune homme. "J'étais épuisé, tout ce que j'ai réussi à dire, c'est 'ne tire pas'. Il a semblé réfléchir un moment, puis il est reparti", se souvient-il.
La seconde rencontre s'est produite quelques minutes plus tard, quasiment au même endroit où plusieurs autres jeunes s'étaient alors massés. "J'étais allongé et je faisais le mort. Il m'a tiré dessus pour s'assurer que j'étais bien mort. Je pense qu'il visait la tête mais il m'a raté et j'ai été atteint à l'épaule", a précisé Adrian.
Vendredi, le tribunal d'Oslo a prolongé d'un mois le placement de Breivil en isolement total. Un traitement que le tueur a qualifié de "torture sadique".