Au 15e jour de la contestation, Mouammar Kadhafi ne semble toujours pas décidé à céder devant la protestation qui gronde dans l’ensemble du pays. L'ONU a suspendu, mardi, la Libye du Conseil des Droits de l'Homme en raison de la violente répression.
Les Etats-Unis ont commencé à envoyer des forces aériennes et navales près de la Libye. Mais la possibilité de voir une intervention militaire internationale se mettre en place reste limitée.
Clinton veut de l’humanitaire, pas de militaire
Tout d’abord Hillary Clinton ne semble pas convaincue par une intervention de ce type. La secrétaire d’Etat, qui tente de coordonner les efforts américains avec ceux de l'Union européenne, a souligné qu'aucune hypothèse n'était exclue à l'égard de Mouammar Kadhafi tant que son régime menacerait et tuerait des civils. Mais elle a précisé qu’une intervention militaire était exclue - pour le moment - et que les bâtiments américains de la 6e flotte, qui ont été envoyés près des côtes, auront un rôle avant tout humanitaire.
"Comme vous le savez, nous avons des forces navales en Méditerranée" a-t-elle indiqué, au cours d'un point de presse à Genève, lundi, en marge de la session annuelle du Conseil des Droits de l'Homme. "Nous croyons qu'il y aura des besoins pour aider à des interventions humanitaires, nous savons également qu'il va y avoir probablement, malheureusement des besoins pour des missions de sauvetage" a-t-elle ajouté.
De plus, le déploiement de forces américaines ne signifie pas, selon les spécialistes, l'imminence d'une intervention, qui serait très risquée. Il peut en revanche être un moyen de menacer Kadhafi, disent-ils. La France, de son côté, a souligné que l'option militaire n'est "pas la priorité", par la voix de François Baroin, qui a rappelé que "la priorité (était) humanitaire".
L’opposition n’a pas besoin de l’Occident
Outre les réticences d’Hillary Clinton, figure aussi la volonté des opposants à Kadhafi de garder la main sur leur révolution. L’opposition libyenne, qui vient de former une sorte de gouvernement bis dans toutes les villes sous son contrôle, a clairement fait savoir qu’elle refusait toute ingérence étrangère dans la gestion de la révolte.
En revanche, il existe des contacts pour un éventuel soutien logistique entre les Européens et les Américains et ceux qui pourraient prendre les rênes du pays.
La nécessité d’un mandat
Enfin, il existe un obstacle diplomatique à une intervention de la communauté internationale en Libye. Toute action de la communauté internationale nécessite un mandat des Nations Unies voté à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU. Or, il est fort probable que la Chine ou la Russie, ou les deux pays de concert, s’opposent à un tel scénario.
Et il est hors de question, pour les Etats-Unis comme pour la France, d’agir sans ce mandat. C’est ce qu’a rappelé Alain Juppé, mardi, lors de sa prise de fonction au ministère des Affaires étrangères. Le ministre a écarté l'option d'une intervention militaire en Libye "sans mandat clair de l'ONU".
La France a également exprimé hier des réserves sur l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour mettre fin au régime de Mouammar Kadhafi, une option défendue par les Etats-Unis. Paris entend en revanche "aller un peu plus loin" que l'Union européenne pour couper les vivres au dirigeant libyen.