Marée noire : la Louisiane reste marquée
DECRYPTAGE - Un an après la marée noire géante dans le Golfe du Mexique, où en est-on ?
Le 20 avril 2010, la plateforme pétrolière Deepwater Horizon explose au large de la Louisiane, en plein Golfe du Mexique. Deux jours plus tard, la plate-forme coule. Ce qui provoque une marée noire géante . L’exploitant BP a tenté de colmater la fuite durant des mois. C’est chose faite depuis le 15 juillet dernier . Mais entre temps, 4,9 millions de barils de pétrole, soit 800.000 mètres cube d’hydrocarbure, se sont déversés en pleine mer, à 70 kilomètres des côtes. Un an, jour pour jour, après cette catastrophe, Europe1.fr fait le point sur la situation.
25% du fioul encore en mer
Reste-t-il du pétrole en mer ? En un an, le géant pétrolier exploitant de la plateforme et les autorités américaines ont tenté de supprimer toute trace d’hydrocarbure dans le Golfe du Mexique. Le pétrole a ainsi été collecté, directement à la tête du puits en fuite ou encore recueilli par des bateaux écrémeurs. Mais pas seulement. Des nappes se sont également naturellement évaporées, d’autres ont été brûlées ou encore diluées par voie chimique. Et ce sont environ quatre millions de litres qui se seraient ainsi répandues, sous forme de gouttelettes.
Les images des gardes-côtes américains, datant du 21 avril 2010 :
Mais selon les spécialistes, il est difficile de comptabiliser combien de barils d’hydrocarbure naviguent toujours dans les eaux du Golfe du Mexique. La raison ? Dilué, le pétrole est rendu invisible. Toutefois, certains assurent qu’au large et qu’à 1.300 mètres de profondeur il reste du pétrole, sur des dizaines de kilomètres de long. Environ 25% des 4,9 millions de barils échappés de la plateforme seraient ainsi encore présents.
Dans quel état sont les côtes de Louisiane ? Au plus fort de la catastrophe, plus de 1.700 kilomètres de zones marécageuses et de plages du Golfe du Mexique ont été polluées, d’après le Conseil américain de défense des ressources naturelles. Un an après, 2.000 personnes travaillent encore au nettoyage des premiers marécages à avoir été touchés par la marée noire. C’est le cas par exemple dans la baie Jimmy, à 60 kilomètres de la Nouvelle-Orléans. Mais les nettoyeurs sont trop peu nombreux pour dépouiller de pétrole toute la côte, déplorent les écologistes.
Les eaux sont-elles encore impraticables ? Seul 1% du Golfe du Mexique est encore fermé à la navigation des bateaux, alors que 30% l’était au maximum de la crise. BP se félicite d’ailleurs de cette situation, dans un bilan un an après le drame, publié sur son site Internet. "Depuis le 15 juillet, aucune goutte de pétrole n’a coulé dans le Golfe. Et comme nous poursuivons nos efforts, près de 100% des eaux sont ouvertes", écrit le géant pétrolier.
Tortues et oiseaux fortement touchés
Quelles sont les conséquences sur la faune et la flore ? Les Américains ont évité le pire : le pétrole ne s’est pas échoué sur les zones de mangroves, où coexistent eau douce et eau marine et qui permettent un écosystème naturel. Dans le cas contraire, cela aurait été catastrophique pour les végétaux de l’Etat de Louisiane.
Par contre, des animaux marins ont été touchés. Et notamment les tortues. Des tests scientifiques ont été réalisés et dans bien des cas, il a été prouvé que les reptiles sont morts après avoir absorbé du pétrole. La marée noire a également tué des oiseaux, au nombre de 6.000 selon les spécialistes. Enfin, de nombreux dauphins se sont échoués sur les côtés entre les mois d’avril et juillet 2010 - même si certains affirment qu’il n’y aurait aucun lien avec la catastrophe -. Depuis le début de l'année, les carcasses de 153 tursiops, mammifères marins de la famille des cétacés, ont été rejetées sur la côte du Golfe. 65 d'entre eux étaient des nouveau-nés, ou bien des prématurés, ou morts-nés, selon des chiffres fournis par l'Administration nationale américaine océanique et atmosphérique (NOAA) .
Quant aux pêcheurs, ils se veulent rassurants. Ils racontent avoir attrapé seulement certains fruits de mer et poissons avec des tâches de pétrole. Des contrôles ont été réalisés par les autorités américaines et il s’est avéré que ces produits issus de la pêche dans le Golfe du Mexique étaient sans risque pour la santé. BP assure que des chercheurs indépendants ont travaillé sur ces études. Le géant pétrolier note, par ailleurs, que "les études réalisées sur les produits de la mer du Golfe sont sûrement aujourd’hui les plus rigoureuses au monde".
Une facture de 40 milliards de dollars pour BP
Combien a coûté la marée noire ? Le groupe pétrolier a dû mettre la main à la poche, après cette catastrophe. En nettoyage, BP a dépensé 13 milliards de dollars, soit 9 milliards d’euros. 228 millions de dollars, soit 158 millions d’euros, ont été versés également par le groupe pétrolier pour gérer les questions environnementales et enfin plus de 500 millions de dollars, soit 345 millions d’euros, ont été investis dans les recherches pour financer les études scientifiques sur l’impact potentiel de la marée noire.
Depuis l’an dernier, BP a mis en place un fonds d’indemnisation de 20 milliards de dollars, soit près de 14 milliards d’euros. 3,5 milliards de dollars, soit près de 2,5 milliards d’euros, ont été déboursés pour permettre d’agir dans l’urgence. Ces derniers mois, l’exploitant de la plateforme a également offert 200 millions de dollars, soit près de 140 millions d’euros de subventions aux Etats du Golfe du Mexique pour promouvoir le tourisme et la dégustation de fruits de mer.
Au total, la facture s'élève à 40 milliards de dollars, soit 27 milliards d'euros. Pour faire face financièrement, BP a été contraint de vendre 24 milliards de dollars d’actifs.
Un an après le drame, BP tire le bilan dans une vidéo disponible sur son site Internet .
Reste que plus de 500.000 personnes ont déposé depuis un an des demandes d’indemnisation auprès de BP. La vague de litiges sera examinée par le tribunal fédéral de La Nouvelle-Orléans. Il faudra sans doute au groupe pétrolier plusieurs années pour solder définitivement cette catastrophe, qui a coûté la vie à onze employés de la plateforme. L’exploitant assure aujourd’hui "veiller à ce qu’une telle catastrophe ne se reproduise".