Le bilan est flatteur. Selon un sondage commandé par l'hebdomadaire marocain TelQuel, sa version en arabe Nichane et Le Monde, 91% des Marocains interrogés jugent positif ou très positif l’exercice du pouvoir par Mohammed VI depuis son accession au trône il y a 10 ans. Problème : dans la constitution marocaine, le roi est une personne sacrée qui ne peut pas faire l'objet d'un sondage d'opinions et la monarchie ne peut pas être un sujet de débat.
Les journaux marocains dans lesquels ce sondage devait être publié ont donc été saisis dès leur parution samedi. Ce qui représente 100.000 exemplaires au total où le titre "Le peuple juge son roi" apparaissait en une. Le Monde, qui publie cette enquête dans son numéro de mardi, ne devait quant à lui pas être mis en vente. "Pour les dix ans du règne de Mohammed VI, le régime marocain ne pouvait pas prendre décision plus contestable, plus arbitraire, plus incompréhensible et, osons l'écrire, plus absurde", indique l'éditorial du journal français.
"Il n'existe aucune loi au Maroc qui interdise les sondages", a rétorqué le Syndicat national de la presse marocaine. Dans son bilan établi à l’occasion des 10 ans de règne de Mohammed VI, Reporters sans frontièresindique qu’"après de réelles avancées au début de son règne, les reculs et crispations se sont multipliés". L’organisation rappelle que la justice marocaine a en effet distribué 25 années de prison à des journalistes et 2 millions d’euros d’amende à des médias.
Le sondage ne contenait pas que des indicateurs favorables. Concernant la lutte contre la pauvreté, les Marocains étaient 37% à juger que la situation n'a pas évolué et 24% à considérer qu’elle s'est aggravée.