En Méditerranée, les drames se succèdent et se ressemblent. Dans la nuit de samedi à dimanche, un chalutier avec à son bord au moins 700 migrants a chaviré, laissant seulement 28 survivants. La semaine précédente, ce sont au moins 400 migrants qui ont perdu la vie dans le naufrage de leur embarcation de fortune. Le point commun entre ces deux tragédies : le point de départ des deux navires, la Libye, où la situation chaotique favorise l’explosion du nombre de migrants.
De plus en plus de passages. Depuis le début de l’année, 1.600 migrants ont perdu la vie en Méditerranée, la plupart en tentant de traverser les 350 kilomètres qui séparent les côtes libyennes de l’Italie. Ces traversées ne sont évidemment pas une nouveauté, mais leur nombre ne cesse d’augmenter, note Jeune Afrique.
Depuis le début de l’année, ce sont au total 35.000 migrants qui sont arrivés par bateau dans le sud de l’Europe. Il y aurait, avec le beau temps, "entre 300 et 700 migrants" quittant la Libye chaque jour, selon un officier d’une milice libyenne interrogé par Le Monde.
Un chaos qui profite aux passeurs. Cette explosion du nombre de migrants s’explique en partie par le désordre qui règne en Libye. Quand il était au pouvoir, Mouammar Kadhafi avait fait en sorte de revenir sur la scène internationale en "jouant le rôle de gendarme pour l’Europe chargé d’empêcher les migrations illégales", note la Fédération internationale des droits de l’Homme dans La Croix.
Après la mort du "Guide suprême", en 2011, le pays a basculé dans le chaos. Aujourd’hui, deux parlements et gouvernements rivaux s’affrontent. L’un, mené par une coalition de milices, se trouve dans la capitale, Tripoli. L’autre, reconnu par la communauté internationale, est exilé dans l’est du pays. Le marasme dans lequel est plongé la Libye a permis au groupe Etat islamique, de s’implanter dans le pays. Il profite aussi aux réseaux mafieux, qui organisent l’immigration clandestine sans être inquiétés et peuvent se procurer des armes facilement.
Des "interventions ciblées" contre les passeurs. La question de la stabilité en Libye est donc centrale dans le dossier de l’immigration clandestine. Matteo Renzi, le chef du gouvernement italien, dont le pays est en première ligne, a dit lundi étudier la possibilité d’"interventions ciblées" contre les passeurs, ces "esclavagistes". Il a toutefois rejeté "l’hypothèse d’une intervention militaire" et celle, évoquée dans son pays, d’un blocus naval de la Libye.
Au-delà de cette déclaration italienne, les Européens considèrent que seul un retour de la stabilité en Libye permettrait d’endiguer durablement les départs de migrants africains et de réfugiés syriens. L’UE tente de peser sur les parlements libyens rivaux, pour qu’un gouvernement d’union soit enfin formé. Mais les obstacles sont nombreux et, si l’UE promet un "soutien", elle reste vague sur les options envisagées.
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