Ils inspirent la terreur aux plaisanciers du monde entier, mais les requins sont-ils à la hauteur de leur réputation de tueurs des mers ? Pas vraiment, si l'on s'en tient aux statistiques : malgré leurs impressionnantes mâchoires, les squales tuent dix fois moins que les méduses, pourtant réputées à tort inoffensives.
Même les noix de coco sont plus dangereuses
En fait, le requin attaque plus qu'il ne tue : depuis dix ans, entre cinquante et cent attaques sont recensées chaque année contre l'homme, selon l'"International Shark Attack File", la référence statistique dans ce domaine. Ces attaques ne se révèlent mortelles que dix fois par an, en moyenne.
Avec 150 morts par an, même les chutes de noix de coco sont plus dangereuses. Plus loin des bords de plages, d'autres espèces bien moins craintes que les requins tuent davantage : les serpents, par exemple, tuent 100.000 personnes par an, les scorpions 5.000 et les éléphants 600.
Rationnellement, les requins ne devraient donc pas inspirer la psychose. Mais, c'est sans compter l'imaginaire : il sera toujours "moins spectaculaire de se faire piquer par une méduse que croquer par un requin", relève ainsi Robert Calcagno, directeur général de l'Institut et du Musée océanographique de Monaco.
Une peur "disproportionnée"?
Cette peur "disproportionnée" des requins s'explique aussi par la médiatisation de leurs attaques. Celles-ci sont, par ailleurs, deux fois plus nombreuses aujourd'hui que dans les années 80.
Pourquoi cette hausse des attaques au niveau mondial ? D'après les spécialistes de l'animal, cela s'expliquerait par l'augmentation de la pratique du surf et des sports nautiques. La raréfaction du poisson, pour cause de surpêche, pourrait aussi inciter les requins à aller chercher de la nourriture dans des endroits où ils n'allaient pas auparavant.
Plus "agressifs", les requins seraient pourtant moins nombreux qu'auparavant, notamment en raison d'une pêche importante. Certaines espèces sont même aujourd'hui menacées d'extinction.
Un problème pour l'avenir des océans car "les requins sont indispensables aux écosystèmes marins", selon Philippe Vallette, directeur général du Centre national de la mer Nausicaa, à Boulogne-sur-mer.