Ils sont soupçonnés d’avoir projeté des attentats à la bombe. La police sud-africaine a annoncé vendredi l'inculpation pour terrorisme de cinq extrémistes blancs. En tout, ce sont sept hommes qui avaient été arrêtés fin avril à Phalaborwa après la profanation de la tombe d'un haut responsable noir. "Les sept ont été inculpés pour terrorisme mercredi de la semaine dernière, mais les charges ont été retirées ce vendredi contre deux d'entre eux", a expliqué Musa Zondi, porte-parole des Hawks, l'unité d'élite de la police criminelle.
Les cinq hommes "nous ont orientés vers leurs autres activités et vers une cache d'armes et d'explosifs", a précisé Musa Zondi. Parmi leurs projets : "ils voulaient notamment poser des bombes dans des zones où vivent des Noirs", a-t-il assuré.
Jeudi, le ministre et le chef de la Police avaient annoncé l'arrestation de plusieurs extrémistes, liés à des projets d'attentats contre des Noirs, dans trois provinces du pays, dont celle du Limpopo où se situe Phalaborwa. Le ministre de la Police avait précisé que certaines d'entre elles prônent un "volkstaat" (république) blanc.
Les tensions restent vives
Ces inculpations ont lieu dans un contexte très délicat, un mois après le meurtre de l'extrémiste blanc Eugène Terreblanche, qui avait exacerbé les tensions raciales dans le pays. Ce fondateur de la formation d'extrême droite, le Mouvement de résistance afrikaner (AWB), a été battu à mort dans sa ferme le 3 avril. Deux ouvriers agricoles, qui s'étaient immédiatement rendus à la police ont été inculpés pour meurtre le 6 avril. Des membres de son Mouvement de résistance afrikaner ont menacé de venger sa mort, avant de se rétracter.
Les tensions raciales restent sous-jacentes en Afrique du Sud, avec la persistance de profondes inégalités seize ans après la chute de l'apartheid.
"Aucune menace" pour le Mondial
Les autorités affichent pour leur part la sérénité à près d'un mois de la Coupe du monde. Le ministre de la Police a estimé jeudi que l'Afrique du Sud était "bien préparée" pour accueillir le Mondial du 11 juin au 11 juillet. "Nous travaillons avec les communautés afrikaner (descendante des premiers colons européens), juive, musulmane et d'autres groupes religieux pour construire une cohésion et renforcer l'unité de notre nation", a affirmé jeudi le ministre des Renseignements Siyabonga Cwele. "En ce moment même, il n'y a aucune menace sur la Coupe du monde 2010 de la Fifa aussi bien au niveau national qu'international", a réitéré vendredi Musa Zondi.
Il est improbable que le meurtre d'Eugène Terre'Blanche déclenche un attentat de l'extrême droite pendant la Coupe du monde, a assuré Anneli Botha, spécialiste du terrorisme à l'Institut d'études de sécurité (ISS). "Jusqu'à présent, l'extrême droite s'est concentrée sur la politique interne et non sur les événement internationaux comme la Coupe du monde. Tous les complots ont été dirigés à l'encontre du gouvernement ou certaines franges de la société et non de la communauté internationale", a-t-elle expliqué. "Je ne dis pas qu'il n'y a pas de menace (...) mais lier cela à la mort d'Eugène Terre'Blanche et dire que les gens se sont armés et ont essayé de mettre en danger la Coupe du monde, c'est sans aucun doute aller trop loin", a-t-elle assuré.
44.000 policiers doivent être mobilisés pour le Mondial. Des unités spéciales de la police, aidées par l'armée, protègeront les 32 équipes participant au Mondial en Afrique du Sud, un pays qui connaît un des plus forts taux de criminalité au monde avec 50 meurtres par jour.