L’INFO. Un simple crâne pourrait bien bouleverser l’idée que les paléontologues se font de nos ancêtres. Ceux-ci appartenaient en effet à une seule et même espèce, affirment des scientifiques dans une étude publiée vendredi par la revue Science. Les chercheurs s’appuient sur un crâne d’1,8 million d’années découvert en Géorgie, l’ancêtre le plus ancien de l’homme découvert hors du continent africain.
Qu’est-ce que c’est que ce crâne ? En 2000, une mâchoire a été découverte sur le site de Dmanisi, au sud de la Géorgie. Cinq ans plus tard, une autre partie du crâne est retrouvé, dans un état de préservation "exceptionnel". Miracle : la mâchoire et la boîte crânienne s’emboîtent parfaitement. Pour les chercheurs, ce crâne à la longue face, aux grandes dents et aux arcades sourcilières épaisses est celui d’un homme. Quant à son cerveau, il faisait environ un tiers de celui d’un homme moderne.
La reconstitution d'un crâne de Dmanisi :
Que nous apprend ce crâne ? Sur le site de Dmanisi, les chercheurs ont aussi eu la chance de découvrir quatre autres crânes d’hominidés, plus petits mais datant de la même période. Ce qui leur a permis de comparer les traits physiques de plusieurs ancêtres de l’homme ayant coexisté à la même période et au même endroit, un fait sans précédent. Résultat : les "variations morphologiques" entre les cinq crânes de Dmanisi ne sont pas plus importantes que celles que l’on retrouve actuellement entre cinq individus parmi les populations modernes, ou entre cinq chimpanzés. Les fossiles ont également été comparés à d’autres hominidés retrouvés en Afrique, en Asie ou en Europe. "Les hominidés de Dmanisi ressemblent beaucoup à ceux d’Afrique, et notamment aux premiers à avoir divergé de l’Australopithèque, comme la célèbre Lucy", affirme le professeur Christoph Zollikofer, co-auteur de l’étude. De quoi penser "qu’ils appartiennent bien tous à la même espèce", et non à des sous-genres de l’Homo erectus, l’ancêtre de l’Homo sapiens.
Pourquoi c’est important ? Jusqu’ici, les scientifiques pensaient que plusieurs espèces distinctes d’Homo erectus co-existaient, il y a près de deux millions d’années. Or, ces sous-genres de la classification ne seraient donc "que des variations individuelles d’une seule et unique lignée", explique Le Figaro. Il n’y aurait donc qu’un seul Homo erectus, avec des variations pouvant être due au climat ou à la géographie.
Mais cette théorie ne convainc pas tout le monde. Le paléobiologiste Bernard Wood, de l’Université George Washington, s’est ainsi dit "très sceptique". Pour lui, les auteurs de l’étude ne prennent pas en compte d’autres différences importantes entre les spécimens, comme les mandibules. Et le scientifique d’avancer sa propre hypothèse : le crâne de Dmanisi pourrait être tout simplement celui d’une nouvelle espèce d’hominidé.